PARIS (awp/afp) - Les annonces de la BCE à peine digérées, les marchés actions devraient désormais attendre la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi pour se positionner.

Les attentes étaient élevées et les places boursières européennes ne se sont pas montrées particulièrement emballées par les annonces de Mario Draghi jeudi, à l'issue de l'avant-dernière réunion de la BCE sous sa présidence avant l'arrivée en octobre de Christine Lagarde.

Le patron de la Banque centrale européenne a enfoncé son taux de dépôt un peu plus bas en territoire négatif (à -0,5%) et réactivé contre vents et marées son programme de rachats de dettes ("QE"), qui durera cette fois aussi longtemps que nécessaire pour revigorer l'économie européenne.

M. Draghi a fait en sorte que le système bancaire, qui finance l'économie européenne mais qui pâtit des taux bas, "tourne un petit mieux et qu'il soit la bonne courroie de transmission des décisions de la Banque centrale", observe Aymeric Diday, directeur de la gestion sous mandat chez Pergam.

Mais le fait qu'il ait "remis la balle dans le giron des gouvernements", pour que ce soit à eux d'engager des réformes structurelles et des relances budgétaires alors qu'il y a très peu de marges de manoeuvre, hormis en Allemagne, peut être mal perçu par les milieux financiers.

Car "le marché a plus confiance dans les décisions des banquiers centraux que dans les décisions des responsables politiques", observe M. Diday, interrogé par l'AFP.

Après la BCE, quel soutien de la Fed ?

La pression se dirige désormais sur la prochaine réunion du comité monétaire de la Fed mercredi, alors que l'économie américaine reste robuste, portée par la consommation des ménages, un taux de chômage bas et une faible inflation.

Comme "le marché principal reste le marché américain", "tout le monde attend la décision de la Fed" mercredi, souligne M. Diday.

Les investisseurs prévoient à une grande majorité une baisse d'un autre quart de point de pourcentage (0,25%), loin de ce que réclame le président américain. Mais "il n'est pas impossible d'avoir une surprise à 0,50%, ce qui entraînerait une hausse des marchés actions", selon le spécialiste.

Quoi qu'il advienne, "on s'attend à un tweet de Trump pour dire qu'il faut faire beaucoup plus".

En milieu de semaine, le président américain a une fois de plus dénigré la Fed et son patron, les traitant de "crétins" au motif qu'ils ne baissaient pas les taux comme en Europe.

"M. Trump a besoin d'un marché actions fort pour être réélu" : il va donc "devoir trouver un accord" avec la Chine et "avoir une économie qui se tient", explique M. Diday.

Même si le président de la Fed, Jerome Powell a écarté un risque de récession lors de ses récentes déclarations, le ralentissement de la croissance mondiale est en marche dans un contexte de différend commercial entre Washington et Pékin.

Avec une série de gestes d'apaisement cette semaine entre les deux premières puissances mondiales qui s'affrontent à coup de droits de douane réciproques, "la guerre commerciale prend une tournure de Bisounours", note M. Diday, mais personne n'est dupe.

"L'enjeu aujourd'hui n'est pas uniquement au niveau des banques centrales mais aussi au niveau des politiques: il faut un accord commercial sino-américain pour redonner confiance aux investisseurs et on a sans doute besoin du soutien budgétaire des Etats pour faire une relance", affirme de son côté Gilles Guibout, responsable actions européennes chez Axa IM.

Dans cette optique, poursuit-il, "les premières déclarations de la nouvelle Commission européenne vont être scrutées à la loupe", tout comme les discussions en Italie sur le budget du gouvernement de coalition de Giuseppe Conte.

Côté statistiques, les investisseurs regarderont essentiellement le baromètre allemand ZEW de la confiance des milieux financiers et la production industrielle américaine mardi et les chiffres de l'inflation en zone euro mercredi.

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