* Un projet de quatre à six milliards d'euros

* Rosatom, invité surprise des discussions

* Areva reste en lice pour un réacteur de moyenne puissance (Avec déclarations complémentaires d'Areva)

PARIS/HELSINKI, 24 février (Reuters) - Le consortium nucléaire finlandais Fennovoima a décidé d'arrêter un appel d'offres auquel participaient le groupe français Areva et le japonais Toshiba pour un réacteur de forte puissance et d'ouvrir des discussions avec ce dernier, a-t-on appris de source industrielle en France.

Le consortium finlandais, qui envisage la construction de ce réacteur dans le nord de la Finlande, à Pyhajoki, devait trancher cette année entre Areva et Toshiba.

"Fennovoima va annoncer l'arrêt de l'appel d'offres et ouvrir des discussions avec Toshiba sur un réacteur de forte puissance", a-t-on déclaré à Reuters.

Une porte-parole d'Areva en Finlande a confirmé l'information.

"A ce que nous avons compris, ils continuent les discussions (au sujet du réacteur de forte puissance) avec seulement un seul fournisseur potentiel maintenant, mais nous devrions poursuivre les négociations sur des réacteurs de plus petite taille", a-t-elle déclaré à Reuters.

Le consortium communiquera sur ce dossier lundi, a déclaré une porte-parole de Fennovoima.

Le groupe public russe Rosatom avait pour sa part annoncé samedi que Fennovoima l'avait contacté et que cela avait constitué une "surprise".

En France, Areva "s'étonne" de voir l'ex-patron de l'autorité de sûreté nucléaire finlandaise Jukka Laaksonen, aujourd'hui responsable des exportations chez Rosatom, se retrouver ainsi partie prenante aux discussions.

"SITUATION PAS CLAIRE"

"Nous nous étonnons, pour des raisons évidentes de respect des règles d'éthique et de conflit d'intérêts, de la présence dans les discussions de M. Laaksonen comme représentant de l'industrie nucléaire russe", a dit à Reuters un porte-parole du groupe français, à Paris.

Il juge la situation confuse mais souligne qu'Areva reste sur les rangs pour un éventuel réacteur de moyenne puissance.

"La situation n'est pas claire, avec la sortie d'E.ON et l'annonce de l'ouverture de discussions avec Toshiba mais aussi avec les Russes", a-t-il dit. "De notre côté, nous continuons de travailler à une offre EPR. Les Finlandais nous invitent en outre à travailler à un projet de réacteur de taille moyenne et nous allons le faire."

Selon la porte-parole d'Areva en Finlande, Fennovoima a commencé à modifier ses choix après la décision de son principal actionnaire, la compagnie allemande d'électricité E.ON , de sortir du projet, dont le coût est estimé entre quatre et six milliards d'euros.

Les autres parties au tour de table de Fennovoima, une soixantaine de sociétés finlandaises, ont fait savoir ce mois-ci qu'elles reprendraient les 34% du groupe allemand. La question du financement ne serait toutefois pas complètement réglée.

Areva a fait les gros titres en Finlande à cause des retards et des dépassements de coûts accumulés dans la construction du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto 3, construit en collaboration avec l'allemand Siemens.

Le projet de Pyhajoki, premier réacteur annoncé après la catastrophe de Fukushima, au Japon, a pour objectif de produire une électricité bon marché pour ses actionnaires, parmi lesquels figurent le fabricant d'acier inoxydable Outokumpu ou le distributeur Kesko. Il doit entrer en production dans les années 2020. (Avec Jussi Rosendahl; Emmanuel Jarry et Danielle Rouquié, édité par Pascal Liétout)

Valeurs citées dans l'article : E.ON SE, AREVA, Toshiba Corp, Outokumpu Oyj, Kesko Oyj, Siemens AG