(Reuters) - Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a déclaré mardi aux députés européens qu'avoir plaidé coupable aux accusations d'espionnage par les États-Unis était nécessaire, les efforts juridiques et politiques déployés pour protéger sa liberté n'ayant pas été suffisants.
"J'ai finalement choisi la liberté plutôt qu'une justice irréalisable", a déclaré Julian Assange au Conseil de l'Europe lors de sa première prise de parole publique depuis sa sortie de prison.
Julian Assange, 53 ans, est rentré dans son pays d'origine, l'Australie, en juin, après avoir conclu un accord en vue de sa libération.
En vertu de cet accord, il a plaidé coupable d'avoir enfreint la loi américaine sur l'espionnage, mettant ainsi fin à un long feuilleton judiciaire en Grande-Bretagne, où il avait été incarcéré dans l'attente d'une possible extradition vers les Etats-Unis.
"Je suis libre aujourd'hui après des années d'incarcération parce que j'ai plaidé coupable de journalisme, j'ai plaidé coupable d'avoir cherché des informations auprès d'une source, j'ai plaidé coupable d'avoir obtenu des informations auprès d'une source et j'ai plaidé coupable d'avoir informé le public de ce qu'étaient ces informations", a-t-il déclaré.
La justice fédérale américaine réclamait depuis 2010 l'extradition de Julian Assange au titre de l'Espionage Act, la loi américaine sur l'espionnage, pour avoir fait fuiter sur WikiLeaks des documents classés secret défense.
Un rapport de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) publié en septembre avait conclu que l'Australien devrait être reconnu comme un prisonnier politique. L'APCE avait aussi recommandé un examen indépendant afin d'établir s'il avait subi de la torture.
"Je ne suis pas encore tout à fait en mesure de parler de ce que j'ai enduré", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "L'isolement a fait des ravages dont j'essaie de me défaire."
S'exprimant lors d'une séance de questions-réponses, Julian Assange a semblé ému lorsqu'il a expliqué aux députés que l'accord conclu signifiait qu'il ne pourrait plus jamais se défendre contre les accusations d'espionnage portées contre lui.
"Il n'y aura jamais d'audience sur ce qui s'est passé", a-t-il déclaré.
Interrogé sur ses projets, Julian Assange a déclaré que l'audience de Strasbourg, qui vise à sensibiliser à la nécessité de protéger les dénonciateurs et les informateurs, était "un premier pas".
Réfugié pendant sept ans à l'ambassade de l'Equateur à Londres quand ses ennuis judiciaires ont commencé, Julian Assange avait été emprisonné en 2019 à la prison de haute sécurité britannique de Belmarsh pour n'avoir pas respecté les conditions de sa liberté conditionnelle.
(Reportage Stephane Mahe et Tilman Blasshofer à Strasbourg ; rédigé par Tassilo Hummel à Paris ; version française Pauline Foret ; édité par Augustin Turpin)