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FRANCFORT, 30 novembre (Reuters) - Certains assureurs européens risquent d'avoir du mal à remplir leurs obligations financières envers leurs clientèles dans les années à venir si les taux d'intérêt restent ultra-bas comme ils le sont actuellement, a déclaré dimanche l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (Eiopa).

"Si les conditions de rendement bas persistent, certains assureurs risquent d'avoir des problèmes à respecter leurs engagements envers leurs assurés dans l'espace de huit à 11 ans", explique l'organisme de tutelle.

L'Eiopa a passé ces sept derniers mois à éprouver la capacité des assureurs à résister à un éventuel choc financier et les tests de résistance ainsi pratiqués ont montré que d'une manière générale le secteur de l'assurance était bien capitalisé, a observé l'Eiopa.

L'autorité ne mentionne pas l'identité des sociétés qui ont échoué aux tests de résistance, contrairement à ce qu'avait fait la Banque centrale européenne (BCE) dans sa récente évaluation des institutions bancaires.

Toutefois, Eiopa précise qu'environ un quart des assureurs concernés ne remplissent pas l'exigence de solvabilité en capital (SCR), un critère essentiel de son scénario dans lequel les taux d'intérêt demeurent bas pendant une période de temps prolongée.

La conclusion de l'Eiopa demeure que le secteur de l'assurance en général est bien capitalisé.

"Toutefois, 14% des compagnies représentant 3% du total des avoirs, ont un taux de SCR inférieur à 100%", précise Eiopa.

Pour l'ABI, l'association des assureurs britanniques, les tests de l'Eiopa démontrent que l'industrie européenne est "en bonne place et prête à faire face aux situations extrêmes testées".

Les précédents tests menés par l'Eiopa, en 2011, avaient déterminé que 10% environ des assureurs ainsi éprouvés ne répondaient pas aux critères minimums de fonds propres dans le cas d'un scénario de crise. Le déficit global en fonds propres des 13 assureurs concernés avait été estimé à 4,4 milliards d'euros.

Les gros assureurs tels qu'Allianz ALVG.DE, Axa AXAF.PA, Generali GASI.MI et Prudential PRU.L semblent bien préparés à la fois aux tests et aux nouvelles normes Solvency II.

En revanche, les assureurs plus petits se plaignent des lourds investissements en informatique et de l'expérience en gestion du risque requise pour se conformer au nouveau régime gouvernant les fonds propres.

Les autorités de tutelle ont décidé d'examiner plus attentivement le secteur des assurances après que l'assureur américain American International Group AIG.N eut frôlé la faillite lors la crise financière.

(Jonathan Gould, Wilfrid Exbrayat pour le service français)