Le gouvernement espagnol a demandé jeudi dernier à la Commission nationale des marchés de valeurs (CNMV), l'autorité de la Bourse de Madrid, de révoquer l'autorisation qu'elle avait donnée en octobre à l'OPA de 15,6 milliards d'euros du groupe autoroutier italien sur Abertis.

La CNMV doit rendre sa décision d'ici au 7 janvier.

Cette OPA a également reçu le feu vert de la Commission européenne (CE).

Atlantia, contrôlé par la famille Benetton, a officialisé en octobre son offre sur Abertis qui vise à créer le premier concessionnaire mondial d'autoroutes, doté d'une capitalisation dépassant les 40 milliards d'euros, mais l'allemand Hochtief, filiale du groupe de construction espagnol ACS, a présenté peu après une offre concurrente qui valorise Abertis à 17,1 milliards d'euros.

Atlantia reste déterminé à prendre le contrôle d'Abertis malgré l'opposition du ministre espagnol des Travaux publics Inigo de la Serna et de son collègue à l'Energie Alvaro Nadal, a ajouté la source.

"Ces ministres ont exprimé leur désaccord mais le reste du gouvernement est neutre", a-t-elle expliqué. "Il s'agit d'une transaction financière; seul le marché décide".

Un porte-parole d'Atlantia s'est refusé à tout commentaire.

Le groupe autoroutier italien envisage à présent de présenter une offre améliorée en janvier, qui pourrait être intégralement en numéraire, a dit la source ainsi qu'une autre source proche des négociations.

Suivant le droit espagnol, les deux ministres peuvent déposer un recours contre toute décision qui autoriserait Atlantia à poursuivre son offre, a expliqué la première source.

La période de recueil des promesses de vente, à la fois pour Atlantia et pour Hochtief, ne pourra s'ouvrir que lorsque les deux offres auront reçu le feu vert des autorités.

Tout recours de quelque partie que ce soit ne ferait que retarder un peu plus une procédure enclenchée depuis mai et qui mobilise une armée de banquiers et d'avocats.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Pamela Barbaglia et Ben Martin