Washington (awp/afp) - La présidente de la Banque centrale russe Elvira Nabioullina a appelé jeudi à développer des services financiers sûrs capables de concurrencer les cryptomonnaies telles le bitcoin, dont elle a reconnu l'attractivité pour le public mais critiqué les dangers.

"Il faut se demander pourquoi (les cryptomonnaies) sont si attrayantes. C'est rapide, rentable, et peut faciliter les transactions entre les pays. Nous devrions développer ce type de services", a déclaré Mme Nabioullina.

Interrogée par la présidente du FMI Christine Lagarde sur la possibilité du lancement d'une cryptomonnaie par la banque de Russie, Mme Nabioullina a répondu que cela pourrait être le cas "dans un futur lointain, peut-être, mais il est trop tôt pour y penser".

"C'est un actif très volatil, plus volatil que tout ce que nous connaissons", a-t-elle mis en garde, citant les dangers en termes de cyber-sécurité, de blanchiment d'argent, et rappelant la nécessité de "protéger le consommateur".

Selon une étude publiée fin 2017 par le cabinet Ernst & Young, la Russie arrive en troisième place après les États-Unis et la Chine comme pays ayant vu le plus de levées de fonds en cryptomonnaies entre 2015 et 2017.

Longtemps méfiantes, les autorités russes ont dit ces derniers mois, comme de nombreux autres pays, donner une première base légale aux monnaies virtuelles, qui attisent les convoitises.

Lors de son discours, Mme Nabioullina a détaillé l'évolution des méthodes de l'institution dans un contexte de sanctions occidentales et chute des prix des hydrocarbures. Sa gestion de la crise économique et financière qu'a connue le pays à partir de 2014, a été louée par les organismes internationaux tels le FMI.

Depuis son arrivée en 2013, la Banque de Russie a mené une politique très restrictive permettant de modérer l'inflation, après des années en montagnes russes, et visant à assainir le secteur bancaire, retirant les licences de 400 banques depuis 2013.

Nous avons "presque terminé" le nettoyage du secteur bancaire, a-t-elle déclaré, "les banques restantes en sont renforcées".

Elle a également déclaré que pour stimuler la "dé-dollarisation" de l'économie russe, notamment dans un contexte de sanctions occidentales, "nous mettons en oeuvre des mesures supplémentaires pour stimuler les banques" à aller dans ce sens.

"Il y a des limites à ce que la politique monétaire peut faire en Russie", a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité de réformes structurelles et rappelant les dangers présentés par des "facteurs externes" tels que les sanctions, les guerres commerciales et monétaires.

afp/buc