* Première visite d'un président français à Accra

* Hollande avait amorcé un rapprochement avec le Nigeria

* Le président du Ghana salue l'approche de Macron

par Marine Pennetier

ACCRA, Ghana, 30 novembre (Reuters) - Au dernier jour de sa première grande tournée africaine, Emmanuel Macron a tendu la main jeudi à l'Afrique anglophone lors d'une visite éclair au Ghana, une première pour un chef d'Etat français dans ce pays où l'Europe fait face à une forte concurrence chinoise.

"Il est essentiel qu'il n'y ait plus d'entreprises francophones qui se développent uniquement dans un espace francophone et des sociétés au Ghana qui ne se déploient qu'avec des partenaires anglophones", a dit le chef de l'Etat, à l'issue d'un entretien avec son homologue Nana Akufo-Addo.

"Il y a un nombre de grands contrats non négligeables qui ont été conclus ces dernières années et je pense que nous pouvons faire encore beaucoup mieux", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui, l'Europe est derrière la Chine, ce qui n'est pas normal à mes yeux. Nous devrions être beaucoup plus présents et c'est à nous d'être talentueux".

Emmanuel Macron, qui défend un partenariat "renouvelé" et axé sur la jeunesse, l'innovation et l'entrepreneuriat avec le continent africain, a souhaité que les start-up et les entreprises françaises "puissent continuer à développer leurs relations avec le Ghana" avant de se rendre dans un incubateur de la capitale.

En 2016, plus de 60 entreprises françaises étaient installées au Ghana et avaient contribué à la création de quelque 20.000 emplois directs et indirects sur le territoire ghanéen, selon le Quai d'Orsay.

Les milieux d'affaires poussent depuis plusieurs décennies la classe politique française à mener une offensive diplomatique hors du pré-carré francophone afin d'investir les pays anglophones dans un contexte de forte concurrence. Le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a notamment été multiplié par vingt depuis 2000.

Pendant son quinquennat, François Hollande avait amorcé un rapprochement avec plusieurs Etats anglophones dont le Nigeria, première économie du continent, la Tanzanie ou encore le Kenya, des pays dynamiques offrant d'importantes opportunités économiques.

RENFORCEMENT LIENS ECONOMIQUES

Deuxième producteur de cacao après la Côte d'Ivoire, le Ghana a été le premier pays d'Afrique sub-saharienne à obtenir l'indépendance il y a 60 ans.

Parfaitement francophone - il souhaite également développer l'apprentissage du français dans son pays -, Nana Akufo-Addo a indiqué qu'il s'était engagé avec Emmanuel Macron à "améliorer et renforcer" leurs liens économiques.

Il a également apporté son soutien à la nouvelle approche d'Emmanuel Macron à l'égard de l'Afrique.

"Nous ne pouvons plus continuer à mener des politiques pour notre pays, notre continent, sur la base du soutien que le monde occidental ou la France peut nous apporter", a-t-il dit à la presse aux côtés du chef de l'Etat français. "Cela n'a pas marché et cela ne marchera pas".

"Ce n'est pas une bonne chose pour un pays comme le nôtre, 60 ans après notre indépendance, d'avoir encore la moitié de notre budget de l'Education qui dépend de la générosité des contribuables européens", a-t-il ajouté.

Le continent africain devrait être capable de financer ses besoins de base, a-t-il souligné. L'Afrique "est encore dépositaire d'au moins 30% des ressources les plus importantes au monde, il a la plus jeune population, une terre fertile et une image dynamique". (Edité par Elizabeth Pineau)