WASHINGTON, 3 juillet (Reuters) - Donald Trump, attendu ce vendredi sur le Mont Rushmore pour le début des célébrations de l'indépendance américaine, devrait s'en prendre à la "pègre de gauche" qu'il accuse de vouloir abattre l'histoire des Etats-Unis, a-t-on appris dans son entourage.

"En ce jour anniversaire de la fondation des Etats-Unis, le président dira la vérité au sujet de l'histoire des Etats-Unis, et il dira aussi la vérité sur ceux qui tentent de la raser et de diviser notre pays", a dit ce responsable de son équipe de campagne.

"Cette pègre de gauche et ceux qui s'adonnent à la culture de la dénonciation ('cancel culture' en anglais) s'engagent dans une attitude totalitaire qui est totalement étrangère à la vie américaine, et nous ne devons pas l'accepter", a-t-il poursuivi, paraphrasant le discours attendu du président républicain à quatre mois de l'élection du 3 novembre où il briguera un second mandat.

Plusieurs milliers de personnes devraient assister, avec lui, à un feu d'artifice tiré depuis ce lieu symbolique et imposant du Dakota du Sud où les visages des présidents George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln ont été taillés dans la roche.

Donald Trump, qui a dénoncé le déboulonnage de statues lors de manifestations contre les discriminations raciales et les violences policières, soulignera aussi le caractère "vertueux" du pays.

Face au mouvement de colère provoqué par la mort de George Floyd, membre de la communauté noire, lors de son interpellation par un policier blanc de Minneapolis le 25 mai dernier, le président a répondu sous le double mot d'ordre de la loi et de l'ordre, qu'il tweete à intervalle régulier en lettres capitales. Une attitude critiquée jusque par une partie de son propre camp, qui lui reproche de diviser la nation. et

Son déplacement au Mont Rushmore, en pleine épidémie de coronavirus, pose aussi un double problème.

Quelque 7.500 personnes sont en effet attendues pour ce discours en plein air où des masques seront disponibles mais leur port non obligatoire. En outre, la gouverneure républicaine du Dakota du Sud, Kristi Noem, a déclaré cette semaine sur Fox News qu'il n'y aurait pas de règle de distanciation physique.

"C'est la recette d'une catastrophe", a fustigé dans le Washington Post Cheryl Schreier, qui fut la superintendante du Mount Rushmore National Memorial de 2010 à 2019 et qui redoute, en plus d'une propagation du coronavirus, des risques de feu de forêt - le dernier feu d'artifice organisé à cet endroit remonte à 2009 - et de contamination des eaux souterraines.

L'autre souci tient au caractère sacré du lieu pour la communauté amérindienne.

"C'est comme s'il essayait de se rendre au Vatican et d'y faire tirer un feu d'artifice célébrant l'indépendance", a comparé Julian Bear Runner, président de la tribu des Sioux Oglala cité par le Washington Post. (Jeff Mason avec Steve Holland version française Henri-Pierre André)