(Actualisé et édité avec déclarations de Trump et des sénateurs)

par Pete Schroeder et Karen Freifeld

WASHINGTON, 27 janvier (Reuters) - L'ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis John Bolton pourrait être appelé à témoigner au procès en destitution de Donald Trump pour s'expliquer sur sa version de l'affaire ukrainienne, qui contredit radicalement celle du président des Etats-Unis.

Dans le manuscrit d'un livre à paraître, dont le New York Times a dévoilé dimanche soir les grandes lignes, John Bolton assure que Donald Trump lui a bien déclaré en août qu'il comptait conditionner le maintien de l'aide américaine à l'Ukraine à l'ouverture d'une enquête, à Kiev, visant des responsables démocrates dont l'ancien vice-président Joe Biden.

Cette accusation est au fondement même de la procédure d'"impeachment" lancée l'automne dernier par les parlementaires démocrates, qui accusent le président américain d'abus de pouvoir et d'entrave à l'action du Congrès.

Mais les républicains, grâce à leur majorité à la chambre haute où s'est ouvert le procès en destitution de Trump il y a six jours, ont jusqu'ici bloqué toute audition de témoin ou toute présentation de nouvelles preuves.

Les révélations du New York Times donnent cependant un nouvel argument de poids aux démocrates.

"Elles ouvrent un nouveau trou béant dans la défense du président", a déclaré Adam Schiff, le chef de l'équipe d'élus démocrates formant l'accusation au procès.

"Pour n'importe quel sénateur, démocrate ou républicain, je ne vois pas comment on peut expliquer vouloir la recherche de la vérité dans ce procès et déclarer ne pas vouloir entendre un témoin ayant eu une conversation directe à propos de l'accusation centrale", a ajouté Adam Schiff.

Pour citer John Bolton comme témoin lors du procès, ils doivent obtenir l'appui d'au moins quatre sénateurs républicains, hypothèse que le sénateur républicain Mitt Romney, a jugée lundi "de plus en plus probable".

Selon un autre élu républicain, John Barrasso, le Sénat débattra vendredi de l'opportunité de convoquer des témoins au procès Trump.

BOLTON "OCCUPE LES CONVERSATIONS"

John Bolton, limogé en septembre, a fait savoir qu'il était disposé à témoigner si une convocation devait lui être remise.

L'article du quotidien new-yorkais ne cite pas directement le manuscrit mais de nombreuses personnes relatant le récit de l'ancien conseiller à la sécurité nationale, qui va à l'encontre de la thèse défendue par la Maison blanche.

Selon la présidence, aucune contrepartie n'a été exigée lorsque Trump a demandé à son homologue ukrainien, Volodimir Zelenski, d'ouvrir une enquête contre Joe Biden et son fils Hunter lors d'un entretien téléphonique, en juillet dernier.

Joe Biden, dont le fils a travaillé pour une entreprise ukrainienne, brigue l'investiture démocrate en vue de la présidentielle américaine de novembre.

Dans un communiqué, l'un des avocats de John Bolton laisse entendre que le compte rendu du New York Times est fidèle à la réalité et précise que le manuscrit a été remis le 30 décembre au Conseil de sécurité nationale comme le veut la procédure lorsque des informations couvertes par le secret sont en jeu.

Susan Collins, sénatrice républicaine du Maine, a déclaré sur Twitter que "les informations sur le manuscrit de John Bolton contribuent encore à justifier l'audition de témoins et occupent les conversations de (s)es collègues".

Lisa Murkowski, sénatrice républicaine de l'Alaska, s'est déclarée "curieuse" d'entendre ce que Bolton a à dire.

Quant au sénateur Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, il s'est dit prêt à soutenir le vote d'une motion pour obtenir le document, selon un reporter de CNN.

"Je n'ai pas vu ce manuscrit, mais je peux vous dire que rien n'a jamais été dit à John Bolton", a réagi Donald Trump en marge de la visite à Washington de Benjamin Netanyahu.

"Si John Bolton l'a dit, c'est seulement pour vendre son livre", avait écrit le président dimanche sur Twitter.

Le procès a peu de chances d'aboutir à la destitution de Donald Trump, qui doit être votée à la majorité qualifiée des deux tiers du Sénat, dont les républicains contrôlent 53 des 100 sièges. (Version française Simon Carraud et Jean-Stéphane Brosse)