La commission royale" afférente a expliqué qu'elle étudierait d'abord les techniques commerciales utilisées par les établissements bancaires pour vendre leurs crédits immobiliers, leur produit le plus rentable.

Elle a déclaré que, sur plus de 385 saisines, près de la moitié concernaient les banques, attestant d'une perte de confiance du public envers elles.

Quelques-unes des plus grandes banques locales, figurant parmi les entreprises les plus rentables d'Australie, vont ainsi être soumises à une enquête sans précédent et leurs dirigeants risquent d'être soumis à des interrogatoires approfondis en public et se voir obligés de porter à l'attention des enquêteurs des documents confidentiels.

Les conclusions de la commission pourraient aboutir à des poursuites civiles ou pénales et à un renforcement de la réglementation au moment même où les banques souffrent d'une baisse de leurs revenus après des années de profits record.

Les crédits immobiliers sont les produits les plus lucratifs des banques australiennes. Les quatre premières - Commonwealth Bank of Australia (CBA), Australia and New Zealand Banking Group, National Australia et Westpac Banking - détiennent 80% du marché local des crédits immobiliers évalué à 1.700 milliards de dollars australiens (1.082 milliards d'euros).

"La commission va entendre des témoignages sur des faits impliquant certains établissements de services financiers, dans le contexte du crédit immobilier, et qui laissent penser que les consommateurs n'ont pas toujours joui du droit d'être traités honnêtement et équitablement", a déclaré Rowena Orr, avocate auprès de la commission, lors de l'ouverture des travaux d'investigation, à Melbourne.

Une Commission royale a le pouvoir d'assigner des témoins à comparaître, de recommander des poursuites au pénal et de proposer des changements d'ordre législatif.

AU CRIBLE

Ce n'est pas la première fois que le secteur financier australien fait l'objet d'investigations mais jamais d'une telle ampleur, coiffant l'ensemble dudit secteur.

Après avoir refusé durant des années d'ordonner de telles investigations, le gouvernement fédéral de centre droit y a été contraint à la fin de l'année dernière sous la pression du public, dans le sillage d'une affaire sans précédent de blanchiment d'argent présumé qui a éclaboussé CBA.

Dans une lettre commune publiée en novembre, les banques, qui avait jusqu'alors tout fait pour éviter d'être interrogées, estimaient elles-mêmes qu'une enquête relevait désormais de l'intérêt national.

La commission se penchera également sur la gestion de fortune et le conseil financier.

Les grandes banques australiennes sont parmi les plus rentables au monde. Au trimestre clos fin juin, leur marge nette s'établissait à 36,4%, selon un document publié par la commission et datant du 9 février.

Mais les autorités les pressent d'augmenter leurs fonds propres et de freiner les prêts accordés aux spéculateurs, alors que l'on craint un ralentissement du marché immobilier à Sydney et à Melbourne.

CBA a publié la semaine dernière une baisse inattendue de son bénéfice au premier semestre, grevé par des provisions de 575 millions de dollars australiens liées aux accusations de blanchiment d'argent.

"Les banques sont vraiment maintenant sous les projecteurs", relève Matthew Ryland, gérant de portefeuille chez Greencape Capital. "Elles vont être moins engagées, tandis que l'enquête suivra son cours, donc il y aura des conséquences (en termes de revenus), poursuit-il, ajoutant qu'il est encore trop tôt pour en mesurer l'impact.

La prochaine audition publique se déroulera dans un mois environ.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Jonathan Barrett et Paulina Duran