Washington (awp/afp) - Le boom immobilier provoqué par la pandémie aux Etats-Unis est-il terminé? La forte hausse des prix combinée au faible stock de biens disponibles et la pénurie du bois de construction ont perturbé le marché, entraînant une baisse des ventes de logements ces derniers mois.

La normalisation de la vie quotidienne après plus d'un an de pandémie pourrait aussi tempérer la frénésie d'achats immobiliers.

Le mois dernier, les ventes de logements anciens ont baissé pour le quatrième mois consécutif tandis que celles de logements neufs ont baissé pour la seconde fois d'affilée.

"La phase exponentielle de la reprise immobilière fut brève et frénétique mais elle est maintenant terminée", constate mercredi Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics après la publication des ventes de maisons neuves par le département du Commerce américain.

L'an passé, la propagation du nouveau coronavirus avait généralisé le télétravail. Et la baisse des taux d'intérêt à un niveau proche de zéro avait achevé de convaincre les Américains que c'était le moment d'acheter plus grand, en dehors des centres urbains, si bien que les maisons s'étaient vendues comme des petits pains.

Les ventes de logements anciens avaient même atteint leur niveau le plus élevé depuis 2006, juste avant l'éclatement de la bulle immobilière qui avait conduit à la crise financière de 2007-2009.

Mais depuis le printemps, "la demande (pour des maisons) en banlieue a chuté alors que la peur de Covid s'est estompée", constate Ian Shepherdson. "Les stocks (de biens disponibles) restent faibles mais augmentent rapidement".

A la fin du mois de mai, le nombre de maisons neuves disponibles à la vente s'élevait à 330.000, représentant 5,1 mois au rythme actuel de ventes contre 3,6 mois en janvier.

Selon l'économiste, la baisse devrait se poursuivre "avec une probabilité que les ventes retrouvent bientôt un niveau inférieur à la tendance pré-Covid".

Car si les contraintes d'offre semblent s'éloigner, la hausse vertigineuse des prix commence à dissuader certains acheteurs.

"Lassitude" des acheteurs

"Il y a un peu de lassitude et d'épuisement chez les acheteurs qui en ont marre des guerres de surenchères et n'ont aucune protection de leur offre", observe Dana Scanlon, agent immobilier dans la région de Washington, la capitale fédérale.

Elle raconte que certains acheteurs ont pu proposer jusqu'à 200.000 dollars de plus que l'offre initiale du vendeur.

"Les acheteurs constatent que les prix sont déjà assez élevés et ils ne sont plus disposés à faire une offre toujours plus élevée", souligne Mme Scanlon.

Pour l'heure, les maisons continuent de recevoir des offres multiples et les faibles taux hypothécaires soutiennent la demande.

Mais le marché semble se stabiliser.

La Fédération nationale des agents immobiliers américains (NAR) a publié mardi les ventes de logements anciens pour le mois de mai.

Celles-ci "se rapprochent maintenant de l'activité prépandémique", avait commenté Lawrence Yun, économiste en chef de la NAR.

Sur le marché de l'immobilier neuf, outre les prix, de nombreux constructeurs de maisons avaient été contraints de suspendre voire d'annuler certains projets en raison de la pénurie de bois d'oeuvre utilisé dans la construction.

Pénurie de main d'oeuvre

Cette pénurie avait fait grimper les prix des maisons, réduit les marges des entreprises de construction, et allongé les délais de livraison.

Les prix du bois ont toutefois entamé leur descente, ce qui devrait réduire certaines pressions liées à la chaîne d'approvisionnement auxquelles les constructeurs étaient confrontés et leur permettre de reprendre leurs activités.

Comme de nombreux secteurs aux Etats-Unis, les constructeurs doivent enfin faire face aux pénuries de main-d'oeuvre, freinant la construction et donc les ventes.

Robert Dietz, économiste en chef de la Fédération nationale des constructeurs immobiliers (NAHB) a indiqué mercredi que "quelque 20% des constructeurs ont limité leurs activités de vente au cours des derniers mois" pour gérer soit des manques de matériaux, soit des pénuries de main-d'oeuvre brouillant encore plus les pistes sur la manière dont le marché va évoluer.

afp/rp