Depuis la crise de 2008, l'interprétation des déclarations des banquiers centraux est devenue une science à part entière, mais une science inexacte. Prenez le discours du patron de la Fed, Jerome Powell, hier après la décision de la banque centrale américaine de maintenir le statu quo sur ses taux. Il ne fait aucun doute que le ton est devenu plus accommodant, comme l'espéraient les investisseurs, qui n'ont toutefois pas constaté un enthousiasme débordant de la part de l'institution à infléchir davantage sa politique monétaire. Les marchés financiers s'en sont pourtant contentés : ils voulaient être sûrs que le prochain mouvement de la Réserve fédérale serait bien une baisse de taux, plutôt tôt que tard. Voici un florilège des nombreux commentaires reçus depuis hier soir dans ma boîte mail :
  • "La banque centrale américaine admet que les perspectives sont plus incertaines, mais sans jamais suggérer qu'une baisse des taux est imminente" (Mike Fratantoni, chef économiste de la Mortgage Bankers Association)
  • "Le message de la Fed est moins favorable que ne l'attendaient les investisseurs, mais le marché poursuit son ascension" (Robert Carnell, chef économiste ING Asie Pacifique)
  • "Même si la projection médiane ne plaide pour aucune baisse de taux en 2019, huit des dix-sept membres du FOMC voient des taux plus bas d'ici la fin de l'année" (Collin Martin, stratégique obligataire chez Schwab)
  • "Si fin juillet l'Administration Trump a fait des progrès notables sur un accord commercial avec la Chine - sans rétropédaler sur des relations avec d'autres partenaires - ET si l'inflation s'est reprise par rapport aux anticipations de la Fed, alors une baisse de taux n'aura pas lieu; sinon, une baisse des taux est plus que probable en juillet" (Brian Wesbury, chef économiste de First Trust)
  • "Le FOMC reconnaît que les incertitudes sur les perspectives économiques se sont accrues. Nous rejoignons les sept membres du comité qui pensent que les taux seront inférieurs de 50 points de base en fin d'année" (Jay Bryson, Economiste global de Wells Fargo)
  • "La Fed n'a pas fait grand-chose pour s'écarter des attentes de multi-baisse de taux des investisseurs d'ici la fin de l'année" (Harm Bandholz, chef économiste US d'Unicredit)
  • "Les développements du jour renforcent notre conviction que deux baisses de taux interviendront cette année, en juillet et en décembre, même si le timing de la seconde baisse est incertain" (Lewis Alexander, économiste US chez Nomura)
 
Pendant ce temps-là, à Londres, les têtes continuent à tomber chez les Tories, pour savoir qui aura l'honneur de disputer à Boris Johnson le titre de Premier ministre. L'ancien maire de Londres a été crédité de 143 voix sur 313 députés conservateurs, ce qui lui offre une confortable avance sur Jeremy Hunt (54 voix), Michael Gove (51 voix) et Sajid Javid (38 voix). L'éphémère chouchou des médias continentaux, Rory Stewart, n'a reçu que 27 voix et se retrouve éliminé. Après deux nouveaux tours de scrutin aujourd'hui, les deux finalistes seront connus. Il reviendra alors aux 160.000 adhérents du parti de se prononcer par un vote postal dont le verdict est attendu durant la semaine du 22 juillet.
 
En Asie ce matin, les marchés sont orientés à la hausse. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,7% à 5558 points.
 
Les temps forts économiques du jour


Les banques centrales sont encore au rendez-vous aujourd'hui, avec notamment les décisions de la Banque du Japon (statu quo ce matin) puis à 13h00 de la Banque d'Angleterre. Côté statistiques, les ventes de détail britanniques (10h30) seront suivies de l'indice Philly Fed et des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis (14h30), puis par l'indice des indicateurs avancés du Conference Board (16h00).
 
L'euro a repris du poil de la bête face au dollar, à 1,1269 USD, pendant que l'once d'or s'envolait à 1381 USD (un plus haut de 5 ans). Hausse aussi pour le Brent, à 62,61 USD et le WTI à 52,69 USD. L'obligation d'Etat américaine affiche un rendement de 1,98%, en net recul. Le Bitcoin se négocie 9334 USD.

Les principaux changements de recommandations
                                                                                        
  • Allianz : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif relevé de 222 à 223 EUR.
  • Assicurazioni Generali : JP Morgan reste neutre avec un objectif abaissé de 19,40 à 18,50 EUR.
  • Commerzbank : Jefferies reste à conserver avec un objectif ramené de 8,10 à 7 EUR. 
  • Fiat Chrysler : Nomura reprend le suivi à neutre en visant 12,60 EUR.
  • Fresenius Medical Care : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer avec un objectif porté de 71 à 81,50 EUR.
  • McBride : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif ramené de 160 à 75 GBp.
  • Roche : Liberum passe d'achat à conserver en visant 275 CHF.
  • Sanofi : Liberum reste acheteur avec un objectif relevé de 82 à 90 EUR.
  • Schneider Electric : RBC reste à surperformance avec un objectif relevé de 85 à 91 EUR.
  • Sodexo : MainFirst passe de surperformance à neutre en visant 107 EUR.
L’actualité des sociétés

Sanofi va supprimer 466 postes de R&D en France et en Allemagne, dans le cadre d'un recentrage de ses efforts sur l'oncologie, l'immunologie, les maladies rares et les vaccins, aux dépens notamment de la cardiologie. Au 3e jour de la biennale du Bourget, Airbus revendique environ 270 commandes et Boeing 260, en cumulant commandes fermes, lettres d'intentions et protocoles d'accord. Safran fait aussi le plein. Emmanuel Macron et Shinzo Abe évoqueront le cas Renault -Nissan lors de la visite au Japon la semaine prochaine du président français, tandis que des rumeurs laissent penser que les deux constructeurs ont résolu leurs désaccords de gouvernance. En outre, le duo a signé avec Waymo (Google) pour des développements dans la voiture autonome. Sans grande surprise, l'ASN demande à Electricité de France de réparer les huit soudures de traversée de la centrale de Flamanville, ce qui entraînera un énième retard de mise en service du réacteur nucléaire. Recylex a demandé un nouveau report des échéances de sa filiale allemande à ses créanciers. Saft (Total) rachète Go Electric, spécialiste des micro-réseaux d'énergie. Bourbon a deux offres sur la place pour se restructurer, mais n'a pas encore tranché. Global BioEnergies va lever jusqu'à 19,5 millions d'euros auprès de L'Oréal et de fonds du CM-CIC. Carbios obtient un brevet américain sur le recyclage des déchets PET complexes. Innate Pharma organise une conférence téléphonique avec un expert sur le rationnel et le design de l'essai "TELLOMAK" avec IPH4102. Sogeclair lève 4,9 millions d'euros par augmentation de capital réservée. La cotation d'Evolis est suspendue depuis hier. Prismaflex a publié ses comptes.
 
 
Les autorités américaines enquêtent sur les pratiques de la Deutsche Bank en matière de blanchiment. Washington va scruter de près Libra, la future cryptomonnaie de Facebook. Dell Technologies, Hewlett Packard et Microsoft s'opposent à la hausse des droits de douane sur les tablettes et les ordinateurs portables, qui devraient faire partie de la prochaine bannette décidée par la Maison Blanche dans son bras de fer avec la Chine. Oracle dépasse les attentes. Selon Reuters, T-Mobile US serait prêt à mettre Boost aux enchères si les discussions avec Dish Network échouent. L'entrée en bourse de Slack aura lieu à 26 USD, valorisant la société 15,7 milliards de dollars. Delivery Hero relève sa prévision de chiffre d'affaires. Stadler Rail va fournir 55 rames Flirt Akku au Land allemand de Schleswig-Holstein. DMG Mori va remplacer Hapag-Lloyd dans le SDAX.