Facebook promet que Calibra bénéficiera des protections les plus solides, avec notamment des processus de vérification et de lutte contre la fraude identiques à ceux des banques et des fournisseurs de services financiers. Le groupe s'engage aussi à un niveau élevé de protection de la vie privée, clairement son talon d'Achille dernièrement. "Hormis dans certains cas limités, Calibra ne partagera pas les informations de compte ou les données financières avec Facebook ou un tiers sans le consentement du client", est-il précisé. En d'autres termes, le groupe assure que les informations de compte et les données financières des clients de Calibra "ne seront pas utilisées pour améliorer le ciblage publicitaire sur la famille de produits Facebook". Calibra sera gérée indépendamment de sa maison-mère, promet cette dernière.
 

Les petites "vagues", le symbole de la Libra (Copie d'Ecran)
 
L'un des objectifs de la nouvelle cryptomonnaie est de constituer une référence stable, pour éviter la volatilité du Bitcoin et de ses homologues et favoriser son adoption. On parle d'ailleurs d'un "stablecoin". La Libra va s'appuyer sur une réserve, que Calibra définit comme "une collection de devises et d’autres actifs qui servent à garantir chaque Libra créée, afin de renforcer la confiance dans sa valeur intrinsèque". Chaque transaction donnera lieu à une rémunération pour l'intermédiaire, qui assure que les frais seront "bon marché et transparents", en particulier lors d'un envoie à l'étranger. Plutôt logique, à l'heure où le réseau fait tomber les frontières, du moins une majorité d'entre elles.

Une application dédiée, ou des outils Facebook
 
Pour ouvrir un compte, il faudra une pièce d'identité officielle, première étape au processus de vérification opéré par Calibra, dont l'application sera disponible au sein de certains outils Facebook, mais aussi en autonomie sur l'AppStore et Google Play. La Libra a vocation à être disponible, à terme, partout dans le monde, mais le déploiement sera progressif. La Libra sera convertible en devises locales. La première version de Calibra prendra en charge les paiements entre particuliers et d'autres moyens de paiement comme les QR, qui seront utilisables par les petits commerces. L'écosystème est appelé à se développer au fur et à mesure.
 
Le développement est encore en cours, mais plusieurs partenaires ont déjà rejoint l'aventure, comme les rumeurs récentes le laissaient penser. En France, seul l'opérateur de télécommunications Iliad a saisi l'opportunité. La liste des partenaires d'origine comprend 26 noms venant de six univers :
  • Paiement : Mastercard, PayPal, PayU (Naspers), Stripe, Visa.
  • Technologie et places de marché : Booking Holdings, eBay, Facebook/Calibra, Farfetch, Lyft, Mercado Pago, Spotify, Uber Technologies.
  • Télécommunications : Iliad, Vodafone Group.
  • Blockchain : Anchorage, Bison Trails, Coinbase, Xapo Holdings.
  • Financiers : Andreessen Horowitz, Breakthrough Initiatives, Ribbit Capital, Thrive Capital, Union Square Ventures.
  • ONG, Institutions académiques : Creative Destruction Lab, Kiva, Mercy Corps, Women’s World Banking.
 
Cette offensive de Facebook vers les services financiers pose beaucoup de questions. Il ne fait aucun doute que le projet est ambitieux et qu'il a attiré l'appui de belles institutions, dont des stars du paiement. Jusqu'à présent, les cryptomonnaies sont restées dans une sphère relativement confidentielle et les tentatives d'ouverture au grand public ont échoué. Le groupe américain n'est pas vraiment un précurseur, loin de là, mais il a clairement l'ambition de faire de la Libra une devise mondiale en se servant de sa présence globale, un atout dont ne bénéficiaient pas ses prédécesseurs. L'expérience s'annonce passionnante à plusieurs niveaux et soulève de nombreuses interrogations pour les économistes, les banques centrales ou les régulateurs financiers. Le lancement de la Libra est prévu en 2020.