FRANCFORT (Reuters) - Les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont exprimé lors de leur réunion de septembre leur inquiétude face au risque d'ancrage de l'inflation en l'absence de resserrement marqué de la politique monétaire, même au prix d'un ralentissement de la croissance, montre le compte rendu des débats publié jeudi.

La BCE a relevé ses principaux taux directeurs de trois quarts de point le 8 septembre, la plus forte hausse de son histoire, et dit prévoir de nouveaux relèvements dans les mois à venir pour lutter contre l'inflation.

Si certains membres du Conseil se sont prononcés en faveur d'une hausse limitée à 50 points de base, une "très large" majorité a soutenu un relèvement de 75 points, précise le compte rendu.

"L'inflation était bien trop élevée et probablement amenée à rester au-dessus de l'objectif du Conseil des gouverneurs pendant une période prolongée", explique le document.

"Le ralentissement attendu de l'activité économique ne serait pas suffisant pour réduire l'inflation de manière significative et ne ramènerait pas à elle seule l'inflation vers l'objectif."

Depuis la réunion de septembre, l'inflation dans la zone euro s'est encore accélérée pour atteindre 10%, un niveau sans précédent depuis la création de la monnaie unique, et plusieurs responsables de la BCE se sont publiquement exprimés en faveur d'une nouvelle hausse de taux de 75 points de base du taux de dépôt, un resserrement largement intégré par les marchés.

La présidente de l'institution, Christine Lagarde, a pour sa part expliqué que la BCE augmenterait les taux jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau "neutre", c'est-à-dire qui ne favorise ni ne freine la croissance.

Elle n'a pas chiffré ce niveau neutre mais la majeure partie des économistes le situe entre 1,5% et 2%, ce qui implique que la BCE pourrait l'atteindre dès décembre.

La prochaine réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs est prévue le 27 octobre.

(Reportage Balazs Koranyi, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)