Francfort (awp/afp) - Certains gouverneurs de la Banque centrale européenne auraient préféré des rachats de dette élargis, voire illimités, plutôt que l'adoption d'un plan d'urgence dédié de 750 milliards d'euros face au coronavirus, selon le compte-rendu de leur dernière réunion de politique monétaire publié jeudi.

Lors de cette réunion extraordinaire du 18 mars, certains membres ont "exprimé des réserves" quant à "la nécessité de lancer un nouveau programme d'achat d'actifs", écrit la BCE dans le compte-rendu publié trois semaines après la réunion.

Face à une situation "considérablement détériorée" en quelques jours, avec la quasi-totalité des pays de la zone euro passés en mode de confinement total en raison de la propagation rapide du coronavirus, la BCE, sous la houlette de Christine Lagarde, avait décidé de lancer un "programme de rachat d'urgence face à la pandémie" avec des rachats de dette publique et privée pour 750 milliards d'euros, qui seront réalisés d'ici la fin de l'année.

Or certains membres au sein du conseil des gouverneurs "ont exprimé leur préférence pour l'utilisation de la boîte à outils existante", ajoute la BCE.

Ils plaidaient pour l'arme des rachats de dette illimités et visant un pays déterminé, les fameux "OMT" décidés en 2012 en plein coeur de la crise de la dette mais qui n'ont jamais été utilisés.

Autre option évoquée, un nouveau renforcement du programme d'achat de dette existant, soit le "QE" (quantitative easing) qui venait d'être rehaussé six jours plus tôt, avec une enveloppe de 120 milliards d'euros s'ajoutant aux rachats opérés à un rythme mensuel de 20 milliards d'euros.

Le conseil a cependant estimé qu'un QE élargi "serait moins adapté, étant donné la nature à grande échelle et courante, mais temporaire, du choc" économique en cours.

Les OMT ont, quant à eux, été conçus pour parer à une situation "fondamentalement différente", face à des tensions graves affectant les rendements obligataires de pays fragiles comme la Grèce, sur fond de "craintes infondées sur la réversibilité de l'euro" au cours de l'année 2012, souligne l'institution.

Elle indique par ailleurs que certains gouverneurs n'étaient pas favorables à abandonner la limite fixée à 33% en termes de rachat du stock de dette d'un pays donné, une autre décision d'importance prise ce jour-là.

afp/rp