Francfort (awp/afp) - Les obligations grecques achetées par les banques centrales de la zone euro pour alléger la dette du pays leur ont rapporté 7,8 milliards d'euros d'intérêts entre 2012 et 2016, selon la Banque centrale européenne (BCE).

La destination de cette somme, révélée mardi dans une lettre du président de la BCE Mario Draghi à l'eurodéputé grec Nikolaos Chountis, reste en partie mystérieuse, alors que l'Eurogroupe avait initialement promis de la reverser à la Grèce.

C'est une question politique "relevant des Etats membres de la zone euro", et pas de la BCE ni des banques centrales nationales, souligne M. Draghi dans son courrier.

Sur décision de l'Eurogroupe en février 2012, ces pays ont d'abord "transmis à la Grèce, par le biais d'un compte séparé", les montants "équivalents à la part réalisée par leur banque centrale dans le portefeuille d'obligations grecques", explique le président de la BCE.

Mais Athènes n'a jamais vu la couleur d'une partie des 7,8 milliards d'euros de bénéfices réalisés sur les quelque 35 milliards d'euros de titres souverains grecs achetés jusqu'en 2011, dans le cadre du programme dit "SMP".

Parallèlement, l'Etat grec a reçu les intérêts réalisés dans le cadre d'un programme d'achat de titres propre à la Banque nationale du pays (ANFA). Mais la banque centrale grecque affirmait mercredi à l'AFP "ne pas disposer des chiffres".

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a affirmé le 6 septembre dernier que 4,3 milliards d'euros avaient été transférés à la Grèce de 2012 à 2016 au titre des programmes SMP et ANFA, sans distinguer entre les deux.

Mais seules les années 2013 et 2014 intègrent des transferts d'Etats membres autres que la Grèce, a-t-il précisé, alors que les autres concernent des sommes versées par la Banque de Grèce à son gouvernement.

Pour compliquer le tableau, un montant de 1,8 milliard d'euros au titre de l'année 2014 reste bloqué dans le compte de séquestre créé en 2012 au sein du mécanisme de secours MES pour rembourser directement des échéances de la dette colossale du pays. A condition que le pays s'engage en même temps à mener d'importantes réformes attendues de ses créanciers publics.

Cet arrangement donnant-donnant a volé en éclats en juin 2015, lorsque l'Eurogroupe a décidé de geler les transferts de bénéfices liés au programme SMP, en plein bras de fer avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Face aux efforts entrepris par le nouveau gouvernement grec, l'Eurogroupe a annoncé en juin dernier qu'il reprendrait le transfert des bénéfices à Athènes, mais en remontant seulement au début de l'année 2017.

afp/rp