Francfort (awp/afp) - Les "faucons" au sein de la Banque centrale européenne (BCE), privilégiant la lutte contre l'inflation élevée, ont jugé "déjà remplis" en avril les critères pour une hausse des taux, désormais attendue cet été, selon un compte rendu publié jeudi.

"L'avis a été exprimé que les critères de relèvement des taux d'intérêt étaient déjà clairement remplis", est-il écrit dans le document rapportant les échanges entre banquiers centraux de la zone euro tenus lors de leur dernière réunion mi-avril.

Tirée par les prix de l'énergie, l'inflation s'est stabilisée à 7,4% sur un an le mois dernier dans la zone euro, un niveau qui reste bien supérieur à l'objectif de 2% de la BCE.

L'institution de Francfort se distingue depuis plusieurs mois par son hésitation à annoncer franchement un calendrier de resserrement des conditions de crédit.

Elle avait réaffirmé en avril vouloir mettre fin à ses achats nets d'actifs "au troisième trimestre" et augmenter ses taux directeurs "quelque temps" après.

Or, des membres du Conseil des gouverneurs ont plaidé pour accélérer le rythme, jugeant que la potion monétaire très accommodante n'était "plus compatible avec les perspectives d'inflation" et que les achats nets d'actifs "devraient cesser dès que possible", selon le document.

Ce sont désormais les faucons qui "mènent la barque", a commenté jeudi Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Signe qu'ils donnent le ton face aux "colombes", la présidente de la BCE Christine Lagarde a préparé mi-mai le terrain à une hausse des taux d'intérêt en juillet pour faire face à la flambée de l'inflation, après les Etats-Unis.

Dans un discours prononcé jeudi à Francfort, le vice-président de l'institut Luis de Guindos a confirmé cette vision, disant s'attendre à une fin des rachats nets d'actifs "tôt au troisième trimestre", avec une première hausse des taux d'intérêt à suivre "quelque temps après".

Selon le calendrier, cette hausse, la première depuis 2011, pourrait être décidée lors de la réunion prévue le 21 juillet.

Les "colombes" au conseil, voulant stimuler l'économie, ont prévenu en avril qu'un ajustement monétaire "trop agressif" pourrait "s'avérer contre-productif" et peser sur la croissance sans juguler l'inflation, car les causes de cette dernière ne sont pas du ressort de la BCE.

Selon Carsten Brzeski, "la question n'est plus de savoir si la BCE doit relever ses taux d'intérêt en juillet mais de combien".

Les acteurs du marché tablent sur une hausse des taux de l'ordre de 25 points de base en juillet puis près de trois hausses équivalentes d'ici à la fin de l'année, selon le compte-rendu de la BCE.

afp/al