PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'incertitude croissante entourant l'issue de l'élection présidentielle française ravive les tensions sur le niveau des spreads en zone euro. Le rendement de l'OAT 10 ans s'est écarté de celui du Bund de 20 points de base (pb) depuis un mois pour revenir à un niveau de 78 pb hier, proche des plus hauts atteints fin janvier. Le spread français s'est également écarté de 19 pb face au rendement néerlandais à 10 ans, et de 13 et 10 pb face à l'Irlande et la Belgique.

Cet écartement du spread OAT-Bund, qui reste loin des points hauts de 150 pb et 200 pb touchés en 2012 et en 2011, est néanmoins identique à celui enregistré par l'Espagne depuis un mois et inférieur d'environ 10 pb au spread italien.

Seuls les titres d'Etat portugais ont fait mieux que le Bund dans cette phase de détente généralisée des rendements. Celle-ci s'explique notamment par un retour vers les obligations sans risque, alors que les enquêtes suggèrent que les investisseurs finaux sont proches de la neutralité et n'ont plus d'exposition aux marchés périphériques face aux marchés "core".

"La France subit la volatilité liée aux sondages électoraux préfigurant un premier tour serré entre les quatre principaux candidats", souligne Natixis AM.

Faible liquidité en fin de semaine

L'indice de perception du risque calculé par Natixis a augmenté de 15 points depuis une semaine pour atteindre 37, son plus haut depuis début janvier. "Les flux de remboursements du 25 avril pourraient venir soutenir les emprunts français en cas de résultat favorable et réduire la prime de risque politique. Le retour des investisseurs japonais constituerait un soutien supplémentaire", estime Natixis AM.

Sur le marché des changes, l'attentisme prévaut. L'euro est repassé au-dessus de 1,07 face au dollar, l'indice Citigroup montrant que les positions spéculatives sont à leurs plus bas des dernières années. "Les investisseurs préfèrent renoncer à faire des paris de court terme pour se protéger contre des mouvements incontrôlés mais sont enclins à réagir après les résultats, ce qui suggère que la liquidité pourrait être faible en fin de semaine et accentuer la violence des réactions. Des achats d'euros ne sont pas à exclure après les élections en cas de résultat favorable", alerte Citigroup.

La volatilité à 1 mois de l'euro-dollar a atteint 13%, au plus haut depuis le Brexit en juin 2016, et le risk reversal a chuté à -4,2 soulignant des pressions baissières sur l'euro qui n'avaient pas été vues depuis les tensions de la fin d'année 2011.

-Patrick Aussannaire, L'Agefi ed: VLV

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