Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon a décidé jeudi de maintenir inchangée sa politique monétaire ultra-accommodante, tout en jugeant que l'économie nippone "croît modérément" et que cette situation "va probablement se poursuivre".

Les économistes s'attendaient à ce statu quo à l'issue d'une réunion de deux jours du Comité de politique monétaire, qui a choisi de reconduire son massif programme de rachat d'actifs (actuellement de 80.000 milliards de yens par an, un peu plus de 600 milliards d'euros), en le modulant pour que le taux des obligations d'Etat à 10 ans se situe autour de zéro.

En inondant le marché de liquidités, la BoJ pousse les banques commerciales à inciter leurs clients à prendre des crédits et à dépenser, ce qui est non seulement censé doper l'activité économique mais aussi resserrer l'écart trop grand entre l'offre et la demande, fossé qui est le principal responsable d'un phénomène de déflation dont le Japon ne parvient pas à se défaire durablement.

La décision de la BoJ de ne rien modifier intervient quelques heures après le communiqué également sans grande surprise de la banque centrale américaine (Fed). Cette dernière a annoncé sa décision de cesser progressivement de réinvestir dans les bons du Trésor américain à partir d'octobre, une mesure de soutien à l'économie mise en place après la crise financière de 2008.

Des analystes pensaient que la BoJ aurait pu choisir de ne plus mentionner la somme de 80.000 milliards de yens, mais même dans ce cas, comme l'explique dans une note le cabinet BMI Research, cela aurait été "peu susceptible d'avoir un quelconque impact important sur les marchés".

Sur le plan du diagnostic économique, la BoJ parle de "cercle vertueux", une expression qu'utilise aussi le Premier ministre Shinzo Abe pour vanter les effets de sa politique de relance abenomics, dont la souplesse monétaire est une des "trois flèches", avec les largesses budgétaires et réformes diverses.

"La demande intérieure va probablement continuer de suivre une orientation positive avec un cercle vertueux des revenus aux dépenses maintenu tant du côté des entreprises que des ménages, sur fond de conditions financières et fiscales accommodantes, via la politique de relance à grande échelle du gouvernement", écrit la BoJ dans un communiqué.

La BOJ estime que l'inflation va continuer son augmentation "modérée" vers la cible de 2% d'un an sur l'autre, fixée d'un commun accord avec le gouvernement début 2013.

Pour le moment, elle en est cependant encore loin, avec seulement une hausse des prix à la consommation de 0,5% en juillet sur un an.

Si l'on exclut l'énergie, l'augmentation n'est que de 0,1%, signe que sans le coup de pouce de la remontée des cours du pétrole, la Banque du Japon (BoJ) serait encore plus loin de son objectif.

"Bien que l'économie japonaise se rétablisse, principalement en raison de la demande intérieure, cela n'a pas autant d'effet sur les prix que prévu", souligne dans une note Katsunori Kitakura de la maison de gestions d'actifs Sumi Trust.

"La croissance économique sur l'exercice en cours sera probablement proche des prévisions de la BoJ. Et même si l'activité ralentit l'année prochaine, elle devrait se poursuivre. Toutefois, le point de vue de la Banque sur l'inflation reste trop optimiste", estime de son côté Marcel Thieliant de Capital Economics.

La BoJ dit cependant garder un oeil sur les risques extérieurs, mentionnant la politique économique américaine (qui peut avoir un impact négatif sur le commerce extérieur japonais), l'évolution dans les pays émergents et les négociations de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (Brexit).

Il s'agissait de la première réunion du Comité de politique monétaire de la BoJ depuis la fin de mandat et le remplacement de deux de ses membres qui s'étaient distingués de la majorité.

afp/al