Genève (awp/afp) - L'OMC doit débattre mercredi d'une proposition visant à lever toute barrière commerciale qui nuirait au travail du Programme alimentaire mondial (PAM), alors que la pandémie de Covid-19 a accru les besoins humanitaires.

Des dizaines de membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont les Etats-Unis, l'Union européenne et la Chine, soutiennent cette proposition formulée par Singapour et le PAM, qui a reçu le prix Nobel de la paix cette année.

"C'est une proposition très importante (qui) vise à interdire les restrictions à l'exportation qui entravent la capacité du PAM à se procurer des denrées alimentaires qu'il peut ensuite acheminer aux populations les plus démunies dans le monde entier", a expliqué l'ambassadeur de l'UE auprès de l'OMC, João Aguiar Machado.

Le texte doit toutefois être approuvé par consensus. Selon une source commerciale basée à Genève, l'Inde a récemment fait part de ses réticences à accepter une exemption générale pour le PAM, mettant en avant sa "sécurité alimentaire nationale".

Le texte demande que les pays n'imposent pas "de prohibitions ou restrictions à l'exportation de produits alimentaires achetés à des fins humanitaires non commerciales" par le PAM, en soulignant que son soutien humanitaire est "rendu plus urgent par la pandémie de Covid-19 et d'autres crises".

Plus grande organisation humanitaire de lutte contre la faim, le PAM nourrit chaque année des dizaines de millions de personnes - 97 millions l'an dernier.

Mais l'objectif établi par l'ONU d'éradiquer la faim d'ici à 2030 semble hors d'atteinte, alors que plusieurs régions ou pays, dont le Yémen, sont au bord de la famine.

Et la pandémie de Covid-19 a accru les besoins humanitaires.

A la fin de l'année, 270 millions de personnes pourraient souffrir d'insécurité alimentaire aiguë, soit 82% de plus qu'avant la pandémie, selon le PAM.

Cependant, les restrictions à l'exportation mises en place par certains pays affectent le travail de l'agence spécialisée de l'ONU qui estime que ces barrières commerciales provoquent notamment des retards et des annulations de contrats d'achat de nourriture.

Ces restrictions commerciales provoquent également des pertes de denrées alimentaires en raison de l'allongement des délais de transport et des changements dans la chaîne d'approvisionnement.

"Des restrictions et des interdictions d'exportation ont déjà été imposées sur des céréales telles que le riz, le blé, le maïs et, dans certains cas, sur des légumes secs et des produits à base de céréales", a détaillé à l'AFP un porte-parole de l'agence, Tomson Phiri.

"Certaines restrictions sont temporaires, d'autres sont levées lors de négociations, tandis que d'autres encore peuvent être prolongées. Dans tous les cas, l'effet est le même, l'action humanitaire est retardée", a-t-il expliqué.

afp/jh