(.)

par Valerie Volcovici et Trevor Hunnicutt

WASHINGTON, 21 janvier (Reuters) - Joe Biden a annoncé mercredi, au jour de son investiture à la présidence américaine, le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat, la mesure phare d'une série de décrets présidentiels destinés à rétablir le leadership de Washington dans la lutte contre le changement climatique.

Les décrets signés par le nouveau locataire de la Maison blanche prévoient aussi d'examiner toutes les mesures décidées par son prédécesseur Donald Trump qui ont nui à la lutte contre le changement climatique, la révocation du permis accordé pour la construction de l'oléoduc Keystone XL devant relier la province canadienne d'Alberta au Nebraska, ainsi qu'un moratoire sur les activités pétrolières et gazières dans une réserve naturelle de l'Arctique où l'administration Trump avait récemment autorisé le développement de projets.

Il s'agit de l'amorce d'un virage politique majeur pour le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre au monde, derrière la Chine, après que l'administration Trump a mis au pilori la science climatique et est revenue sur des normes environnementales pour favoriser le développement de l'industrie fossile.

Le président français Emmanuel Macron, qui a adressé mercredi ses félicitations à son nouvel homologue américain, s'est réjoui de cette annonce. "Je salue le retour des Etats-Unis au sein de l'Accord de Paris pour le climat: Welcome back!", a-t-il écrit sur Twitter.

A Bruxelles, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué une "nouvelle aube" sous Joe Biden, et l'Union européenne a dit dans un communiqué se réjouir du retour des Etats-Unis dans l'accord sur le climat.

"DÉFICIT DE CRÉDIBILITÉ"

Joe Biden a promis durant la campagne électorale de remettre les Etats-Unis sur la voie de la neutralité carbone d'ici 2050 pour répondre à la diminution des émissions de gaz à effet de serre que les scientifiques considèrent comme nécessaire pour éviter des ravages encore plus importants du réchauffement climatique à travers le monde.

Le chemin ne sera toutefois pas sans obstacles, alors que la question climatique divise la classe politique américaine et fait l'objet d'un lobby des compagnies pétrolières.

"Nous avons repris un retard considérable pendant les quatre dernières années avec un climatosceptique à la Maison blanche", a déclaré John Podesta, un conseiller de l'ancien président démocrate Barack Obama qui a contribué à la préparation de l'accord de Paris signé en 2015.

"Nous entrons sur la scène internationale avec un déficit de crédibilité", a-t-il dit.

Alors que des activistes favorables à la protection de l'environnement ont salué les décrets signés par Joe Biden, des groupes industriels et des élus conservateurs ont critiqué les mesures.

Un groupe de sénateurs républicains a appelé mercredi Joe Biden à présenter au Congrès son projet pour le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris afin que les élus puissent l'"examiner". Steve Daines, sénateur républicain du Montana, a déclaré que le nouveau chef de la Maison blanche ne pouvait pas intégrer les Etats-Unis à un traité international sans l'aval d'une majorité des deux tiers au Sénat.

Le principal groupe de lobbying de l'industrie pétrolière et gazière américaine a déclaré penser que bloquer le projet d'oléoduc Keystone XL était un "pas en arrière" qui allait nuire au rétablissement de l'économie américaine. (version française Jean Terzian)