La troisième semaine de juillet ne restera pas dans les annales de l'investissement. De nombreux indices boursiers ont perdu 2% ou plus en cinq séances. La principale exception qui confirme la règle est le Dow Jones américain, qui peut pérorer avec un bilan hebdomadaire positif, grâce à sa surexposition aux secteurs défensifs (santé, consommation de base, énergie).

Elle était singulière, cette semaine. D'ailleurs, elle avait démarré presque tout feu, tout flamme : personne ne doutait plus d'une baisse de taux de la banque centrale américaine en septembre, la perspective d'un second mandat de l'homme à l'oreille percée n'effrayait pas du tout les financiers et les résultats d'entreprises semblaient prometteurs aux Etats-Unis. Je précise aux Etats-Unis, parce que l'Europe s'est coltinée 25 avertissements en dix jours, ce qui est quand même plutôt mauvais signe, comme dirait Emile, mon voisin, qui sait lire l'avenir dans les entrailles des moustiques-tigres.

Donc tout allait plutôt bien jusqu'à ce que tout commence à aller mal, pour paraphraser un enfant de six ans ou une personnalité politique française, je ne sais plus trop. Tout le monde s'est mis à tirer à boulets, rouges évidemment, sur la Chine, qui essayait de se faire oublier. La Maison de retraite Blanche a laissé fuiter que les règles allaient se durcir encore pour empêcher Pékin d'accéder aux puces les plus avancées. L'entourage de Donald Trump, qui ne voulait pas être en reste, a rappelé qu'il était prêt à relever encore les surtaxes douanières visant les produits chinois. Et puis une bonne partie des sociétés européennes qui ont averti, celles dont je parlais plus haut, ont expliqué que leurs tourments venaient notamment de ces consommateurs chinois qui n'ont plus les mêmes moyens qu'avant. Il ressort de tout cela d'une part que le monde se prépare à un renforcement de l'inimitié sino-occidentale, et d'autre part que la grande réaccélération de la seconde économie du monde se fera en Kangoo diesel et pas en BYD Seal. Notez quand même que le volume du coffre du Kangoo est de 775 litres contre 455 litres à la BYD Seal. C'est bien beau d'aller vite, mais dès qu'il faut charger une tondeuse, ça ne sert plus à grand-chose. J'ignore quel enseignement on peut en tirer pour les marchés financiers.

Outre la Chine, c'est la technologie qui a ramassé. Pour trois raisons. Primo la Chine, donc (moins de débouchés pour les semiconducteurs). Secundo l'effet prises de bénéfices après un premier semestre encore dingue pour les géants de la tech. Tertio, l'appétence des investisseurs pour les valeurs décotées, qui sont censées profiter à plein de l'effet baisse de taux de la Fed. Si on mélange le secundo et le tertio, on fait face à un petit problème de volume (un peu comme entre le coffre de la Kangoo et de la Seal). La technologie pèse bien plus lourd que tout autre secteur aux Etats-Unis. Alors quand Chuck vend (un peu) de technologie pour acheter des services collectifs, des petites industries et de l'immobilier, ça revient à créer un flux vendeur sur des géants et un flux acheteur sur des sociétés bien plus petites. Ça fait mécaniquement rougir Wall Street.

En plus, le destin nous a concocté en fin de semaine un happening cocasse. Le géant de la cybersécurité CrowdStrike a planté en beauté une mise à jour. Le problème, c'est que la société a mis des petits bouts de ses solutions un peu partout dans l'univers numérique. La bourde, qui fait déjà partie des plus gros chaos informatiques de l'histoire, a désorganisé ou fait stopper l'activité de sociétés dans le transport, la banque ou les médias sur la totalité du globe. Même la poissonnerie du marché d'Aix-les-Bains, pour tout vous dire. J'ai longtemps craint samedi matin d'avoir à renoncer à l'aïoli prévu à midi parce que mon cabillaud refusait obstinément d'être payé via le terminal sans contact du commerçant. Mais où va donc le monde quand une société de cybersécurité vous empêche d'acheter du poisson ? Heureusement, le sympathique poissonnier m'a fait crédit jusqu'à la semaine prochaine. Dans ta face, CrowdStrike !

Arrivé à ce stade de la chronique, il va me falloir parler de choses plus sérieuses sans quoi vous allez vous désabonner, je vais perdre mon emploi et le poissonnier ne sera jamais payé.

  • Les commentaires vont dans tous les sens sur l'impact du désistement de Joe Biden sur les marchés financiers. Voici quelques avis de professionnels. Les premières réactions ne sont pas bien violentes, mais cela ne signifie pas que cette complexification du paysage politique américain n'entraînera pas des mouvements plus profonds dans les jours qui viennent. En réalité, personne n'en sait trop rien. Les républicains vont devoir adapter leur campagne à, semble-t-il, Kamala Harris, adoubée par Biden et les Clinton, mais qui doit encore être investie officiellement par son camp.
  • En Chine, les autorités ont publié hier un document de politique générale, qui favorise le secteur technologique et accroît la pression sur les banques pour qu'elles soutiennent les collectivités. Le plan a été jugé trop général par les marchés financiers, qui n'ont pas décelé d'inflexion particulière. Toutefois, la PBOC, la banque centrale chinoise, a réduit ce matin deux de ses taux directeurs de 10 points de base, dans un mouvement inattendu. Les économistes estiment que c'est une reconnaissance des difficultés économiques du pays.
  • L'agenda de la semaine est très chargé. Le rythme des publications de résultats trimestriels accélère fort, avec notamment les chiffres d'Alphabet, Amazon ou Tesla aux Etats-Unis, ou de LVMH, TotalEnergies, Nestlé ou SAP en Europe. J'ai compté environ 450 publications d'entreprises pesant plus de 5 milliards de dollars de capitalisation sur les marchés occidentaux sur les cinq prochaines séances. Les amateurs de statistiques se tourneront vers les indicateurs PMI flash des grandes économies au mois de juillet (mercredi), mais aussi vers la première estimation du PIB des Etats-Unis au T2 (jeudi). La semaine s'achèvera sur l'inflation Core PCE américaine, vendredi.

En Asie Pacifique ce matin, les marchés sont plutôt moroses, à l'exception du Hang Seng, qui reprend 1% à contre-courant des autres indices riches en valeurs technologiques. Le coup de pouce de la PBOC n'y est pas étranger, même si la Chine continentale pique du nez de 0,6% au niveau de l'indice CSI300. Le Japon et la Corée du Sud perdent environ 1%, toujours plombés par le reflux du secteur des semiconducteurs, très visible aussi à Taiwan (-2,5%) où TSMC entraîne la cote dans le rouge vif. Le titre en est à sa quatrième séance consécutive de baisse de plus de 2%. Moins sensible aux aléas technologiques, l'Inde progresse de 0,4%. L'Australie perd 0,7%. Les indicateurs avancés européens pointent vers un petit rebond, alors que le STOXX Europe 600 baisse depuis cinq séances consécutives.

Le CAC40 gagne 0,6% à 7579 points à l'ouverture. Le SMI progresse de 0,3% à 12 214 points. Le Bel20 est à +0,7% à 4010 points. 

Les temps forts économiques du jour

La journée sera marquée aux États-Unis par l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro varie peu à 1,09 USD. L'once d'or baisse à 2405 USD. Le pétrole se replie, avec un Brent de Mer du Nord à 83,10 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,01 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,22%. Le bitcoin se négocie 67 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB Ltd : Landesbank Baden-Wuerttemberg dégrade d'acheter à conserver avec un objectif de cours de 50 CHF.
  • Adidas : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 240 à 300 EUR.
  • Antofagasta : Peel Hunt dégrade de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 1695 GBX à 1715 GBX.
  • ArgenX : Truist Securities maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 480 à 540 USD.
  • Billerud : Carnegie Group passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 100 SEK à 130 SEK.
  • Bonduelle : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 10 à 7 EUR.
  • Bossard Holding : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 215 à 225 CHF.
  • Burberry : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 1050 GBX à 800 GBX.
  • Buzzi : JP Morgan dégrade sa recommandation de neutre à souspondérer avec un objectif de cours de 33 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Stifel maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 160 à 158 CHF.
  • Evolution Ab : Morgan Stanley déclasse de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 1530 SEK à 1210 SEK.
  • Geberit : Citigroup maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 455 à 520 CHF.
  • Hugo Boss : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 59 à 48 EUR.
  • Invisio : SEB Bank dégrade sa recommandation d'achat à conserver avec un objectif de cours de 295 SEK.
  • Michelin : Barclays maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 34 à 33 EUR.
  • Novartis : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 100 CHF à 105 CHF.
  • OMV : Trigon Dom Maklerski SA passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 45,80 EUR à 47,40 EUR.
  • Pihlajalinna Oyj : Inderes améliore son conseil d'accumuler à acheter avec un objectif de cours relevé de 10 EUR à 11 EUR.
  • Publicis Groupe : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 100 à 102 EUR.
  • Roche Bobois : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 48 à 51 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 190 à 175 EUR.
  • Sopra Steria Group : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 269 à 263 EUR.
  • Swatch : CICC maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 210 à 145 CHF. Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 199 à 174 CHF.
  • Travis Perkins Plc : JP Morgan surperforme, passant de souspondérer à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 6,10 GBP à 11 GBP.
  • Yara International Asa : ABG Sundal Collier améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 335 NOK à 400 NOK.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La scission de Vivendi se dessine : Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam et Hachette à Paris.
  • Airbus devrait vendre une trentaine d'A330neo au saoudien Flynas. Virgin Atlantic prévoit aussi d'en commander. Par ailleurs, le PDG a confirmé que le groupe cherche à changer de taille dans la défense et dans le spatial, mais sans confirmer explicitement les rumeurs récentes d'un projet avec Thales Alenia Space.
  • Le patron de Renault demande aux autorités un peu plus de souplesse sur la fin du moteur thermique, dans un entretien aux Echos.
  • Icade réduit sa perte nette au S1 et confirme ses objectifs.
  • Valneva reçoit 41,3 M$ de financement de CEPI et de l'UE pour accroître l’accessibilité du premier vaccin au monde contre le chikungunya.
  • Lexibook va faire l'objet d'une OPA amicale à 4 EUR l'action.
  • Transgene et BioInvent présentent un poster sur le virus oncolytique BT-001, à l’ESMO 2024.
  • TME Pharma met en vente NOX-E36.
  • AST Groupe a demandé à Euronext de suspendre la cotation de son titre à partir de lundi, dans l'attente de la publication des résultats du vote des créanciers sur le projet de plan de sauvegarde.
  • Les principales publications du jour : Covivio, Icade, ID Logistics, Bénéteau, Pullup, Poujoulat, Lumibird, OrapiLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

  • Unilever aurait mis en vente ses crèmes glacées, dont le groupe espère obtenir 15 milliards de livre sterling.
  • Ryanair revoit en baisse ses prévisions.
  • Porsche Automobil envisage de prendre une participation minoritaire dans Varta, selon FAZ.
  • Xpeng et Volkswagen ont créé une structure commune pour lancer une nouvelle architecture pour véhicules électriques.
  • Le bénéfice du deuxième trimestre de Galp Energia augmente de 16% et dépasse les attentes.
  • Vodafone vend une nouvelle participation de 10% dans Vantage Towers pour 1,3 milliard d'euros.
  • Equinor vend une participation minoritaire dans un champ pétrolier en Azerbaïdjan à la compagnie pétrolière nationale indienne.
  • Selon le Sunday Times, Philip Jansen, ancien dirigeant de BT, serait en pourparlers pour racheter Rentokil avec le soutien de plusieurs fonds.
  • Hammerson vend sa participation dans Value Retail.
  • Kroger, partenaire d'Ocado, commande de nouvelles technologies automatisées.
  • Kudelski finalise la vente de Skidata.
  • Nokian Renkaat nomme Paolo Pompei au poste de PDG.
  • Talenthouse se déclare en faillite.
  • Les principales publications du jour : SAP SE, Ryanair, Galp Energia

Des Amériques

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

  • Woodside va racheter Tellurian pour une valeur totale de 1,2 milliard de dollars.
  • Le fonds Stonepeak acquiert le groupe néo-zélandais Arvida pour un montant de 746 millions de dollars.
  • Wipro baisse après des résultats décevants.
  • Les principales publications du jour : Anglo American Platinum, POSCO

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures