Paris (awp/afp) - La dette des pays européens a été recherchée jeudi, les investisseurs réagissant aux perspectives de politiques monétaires plus accommodantes des banques centrales en raison des incertitudes pesant sur la croissance.

"Le fait que les taux d'emprunt baissent aux Etats-Unis rejaillit sur les taux européens, le Bund (taux d'emprunt à 10 ans allemand qui sert de référence) étant assez corrélé au taux à 10 ans américain", constate auprès de l'AFP Yanick Loirat, responsable de la dette souveraine euro chez Neuberger Berman.

La Banque centrale américaine (Fed) a ouvert la porte mercredi à une possible baisse des taux d'intérêt pour soutenir l'économie face à la persistance des tensions commerciales et au ralentissement de la croissance mondiale.

Réagissant à cette perspective, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis est passé jeudi matin sous les 2%, pour la première fois depuis novembre 2016.

"Powell a dit non seulement qu'il était prêt à baisser les taux mais, surtout, il a dit que le fait que la guerre commerciale se résolve ou non n'influerait pas sur sa décision de baisser les taux", souligne l'expert.

La prochaine réunion monétaire de la Fed est prévue les 30 et 31 juillet et déjà une écrasante majorité d'acteurs financiers prévoit une baisse des taux, d'après l'évolution des produits à terme.

"Les opérateurs se disent qu'a priori, la Réserve fédérale américaine va baisser ses taux et que la BCE va certainement agir" de même, ce qui incite les investisseurs à l'achat de dettes souveraines, explique M. Loirat.

Mardi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a indiqué que cette dernière pourrait recommencer à baisser ses taux d'intérêt après plus de trois ans de stagnation. A la suite de ce discours, les rendements avaient chuté violemment, entraînant le taux d'emprunt français à dix ans brièvement en territoire négatif, une première dans son histoire.

"Si la BCE dit qu'elle fera tout pour faire remonter les anticipations d'inflation, ça veut dire qu'elle va soit baisser les taux soit relancer son programme d'achats d'actifs", estime M. Loirat.

De son côté, le gouvernement italien a indiqué qu'il ne dérogerait pas aux règles européennes, mais a plaidé pour leur changement, dans une lettre de réponse adressée jeudi à la Commission européenne, qui menace d'ouvrir une procédure disciplinaire à son encontre en raison de sa dette.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne s'est enfoncé davantage à -0,318%, contre -0,289% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a reculé, à 0,014% contre 0,046%, tout comme celui de l'Espagne, à 0,392% contre 0,400%.

Celui de l'Italie s'est en revanche tendu, à 2,145% contre 2,106%.

Le taux du Royaume-Uni a pour sa part baissé, à 0,806% contre 0,863%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se détendait, à 1,985% contre 2,023% mercredi. Celui à 30 ans refluait, à 2,514% contre 2,535%, et celui à deux ans s'établissait à 1,710%, contre 1,735%.

afp/rp