Paris (awp/afp) - Des banques centrales sur la voie d'un nouvel assouplissement monétaire et des tensions géopolitiques qui s'exacerbent, à quelques jours d'un G20 très attendu: un cocktail qui a valu mardi aux taux d'emprunt européens de nouveaux records historiques à la baisse.

"Compte tenu des anticipations sur les assouplissements des politiques monétaires des banques centrales, les taux continuent à battre des records" à la baisse en zone euro, a relevé auprès de l'AFP Guillaume Truttmann, gérant crédit chez Meeschaert Asset Management.

"Le contexte géopolitique mondial avec les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et les puissances étrangères" ainsi que "l'approche du G20" et un marché "qui n'est pas très optimiste" quant à l'issue de la rencontre entre les présidents américain et chinois concourent également "à faire baisser les taux de référence, qu'ils soient américains ou allemands", a-t-il ajouté.

Le taux d'emprunt allemand à dix ans, ou "Bund", qui fait référence sur le marché de la dette européenne, s'est en effet davantage enfoncé en territoire négatif mardi, signant un nouveau plus bas historique à -0,335% tandis que son homologue français est repassé sous le seuil de zéro, tombant jusqu'à -0,011%.

Le précédent record à la baisse (-0,328%) du Bund avait été atteint il y a une semaine, dans le sillage de propos du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi laissant présager de nouvelles mesures accommodantes de l'institution de Francfort.

C'est aussi ce qui avait brièvement propulsé le taux français à dix ans en territoire négatif pour la première fois de son histoire (-0,0018%).

De son côté, le taux américain à dix ans est repassé sous les 2%, après avoir déjà franchi ce seuil jeudi dernier pour la première fois depuis novembre 2016.

Le récent revirement des discours des banquiers centraux des deux côtés de l'Atlantique, conjugué à un accroissement des tensions géopolitiques entre l'Iran et les Etats-Unis cette semaine, exerce une pression baissière accrue sur les obligations d'Etat.

Mario Draghi a déclaré le 18 juin que la BCE pourrait recommencer à baisser ses taux d'intérêt après plus de trois ans de stagnation ou même relancer son programme de rachats d'actifs si les perspectives économiques de la zone euro ne s'amélioraient pas.

Puis la Réserve fédérale américaine (Fed) lui a emboîté le pas deux jours plus tard, ouvrant la porte à une possible baisse des taux d'intérêt pour soutenir l'économie, évoquant les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Discours de Powell scruté de près

Dans le sillage de ce virage accommodant, "les économistes et analystes mettent à jour leurs anticipations de taux pour la BCE et la Fed", révisant celles-ci à la baisse, selon M. Truttmann.

Dans ce contexte, les investisseurs étaient particulièrement focalisés sur une intervention du président de la Fed, Jerome Powell, prévue à New York dans la soirée, avides de la confirmation d'une possible baisse de taux par la Banque centrale américaine dès la fin juillet.

L'appétit pour les emprunts d'Etat, considérés comme des actifs refuges, était aussi alimenté par l'escalade des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et l'Iran.

Téhéran a accusé mardi Washington d'avoir coupé de façon "permanente" la voie de la diplomatie et de mentir sur son intention de négocier, au lendemain de l'annonce de nouvelles sanctions américaines visant de hauts dirigeants iraniens dont le Guide suprême.

L'Iran a également affirmé qu'il s'affranchirait "résolument", "à partir du 7 juillet", de deux autres de ses engagements pris dans le cadre de l'accord international sur son programme nucléaire de 2015.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne s'est détendu à -0,331%, contre -0,307% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi le même mouvement baissier, à -0,004% contre 0,023%, tout comme celui de l'Espagne, à 0,380% contre 0,408%.

Le taux à dix ans de l'Italie s'est en revanche stabilisé à 2,160% contre 2,154%.

Le taux du Royaume-Uni de même échéance a pour sa part légèrement reflué à 0,794% contre 0,816%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans reculait à 1,985%, après être tombé jusqu'à 1,981%, contre 2,0143% lundi, comme celui à 30 ans, à 2,527% contre 2,544%. Celui à deux ans s'établissait de son côté à 1,705% contre 1,732%.

afp/rp