Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt européens à 10 ans se sont nettement détendus mercredi, sur fond d'inquiétudes quant à un redémarrage de la croissance après un indicateur économique allemand moins bon qu'attendu.

Cette détente des taux reflète "des perspectives économiques qui demandent plus de patience aux investisseurs pour valider le redémarrage de la croissance", indique à l'AFP Rose Ouahba, responsable de l'équipe obligataire de Carmignac.

La combinaison de deux nouvelles en est à l'origine: "d'un côté on stimule moins l'économie chinoise, donc peut-être que le rythme de croissance va en être affecté, et en Allemagne, on n'a toujours pas de signaux de stabilisation du secteur manufacturier", note Mme Ouahba.

Selon le baromètre Ifo publié mercredi, le moral des entrepreneurs allemands est retombé en avril, malgré une légère reprise en mars qui était venue clore un cycle de six mois consécutifs de baisse.

Cet indicateur, qui ressort légèrement en deçà des attentes, "renvoie cette même image de décélération de l'activité manufacturière en Allemagne alors que les services résistent plutôt encore", souligne l'experte.

En outre, explique-t-elle, "le compte-rendu du bureau politique du Parti communiste chinois a mentionné ce week-end l'idée que les dirigeants chinois n'étaient plus enclins à promouvoir des mesures d'assouplissement" de politique monétaire.

Par ailleurs, Washington a annoncé la suppression dès le 2 mai des dérogations qui permettaient encore à huit pays d'importer du brut iranien sans tomber sous le coup des sanctions extraterritoriales américaines contre Téhéran.

L'intensification des sanctions américaines contre le pétrole iranien ne restera pas "sans réponse", a prévenu mercredi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Le ministre saoudien de l'Energie Khalid al-Falih a déclaré mercredi de son côté que son pays n'avait pas l'intention d'augmenter dans l'immédiat sa production de pétrole pour compenser une baisse éventuelle de l'offre iranienne.

"Les pressions à la hausse sur les cours du pétrole peuvent avoir un impact sur l'inflation et des effets négatifs sur le pouvoir d'achat", estime Mme Ouahba.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a fini en territoire négatif à -0,013% contre 0,039% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France s'est également fortement détendu à 0,345% contre 0,391%, à l'instar de celui de l'Espagne à 1,070% contre 1,111% et de celui de l'Italie à 2,632% contre 2,672%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique est lui aussi descendu à 1,175% contre 1,223%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans reculait à 2,522% contre 2,565% mardi, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,947% contre 2,980%. Celui à deux ans s'établissait à 2,318% contre 2,364%.

afp/buc