Paris (awp/afp) - Les dettes des pays du sud de l'Europe se sont largement détendues jeudi, bénéficiant à plein des décisions très accommodantes de la Banque centrale européenne, globalement bien accueillies par les investisseurs.

La journée avait débuté prudemment mais les annonces en début d'après-midi de l'institution ont entraîné une détente générale importante pour tous les pays, le marché obligataire étant le principal bénéficiaire des mesures d'assouplissement monétaire. Les investisseurs sont ensuite revenus à davantage de modération.

Sous pression comme rarement, la Banque centrale a en effet surmonté ses divisions pour décider d'une panoplie de mesures anti-crise, avec de nouveaux rachats de dettes publiques et privées, un système de taux dégressif et des prêts géants pour soulager les banques.

"Les marchés étaient dans le doute" surtout concernant un plan de rachats d'actifs, mais la BCE en a annoncé un et "sans date limite ce qui assez extraordinaire et n'était pas complètement attendu", a expliqué à l'AFP Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires de AllianzGI.

"Cette mesure est un élément très puissant pour maintenir les taux à des niveaux très bas et surtout comprimer l'écart (spread) entre les taux d'emprunt à 10 ans des pays de la zone euro et celui de l'Allemagne", le Bund qui fait référence sur le marché, a-t-il poursuivi.

C'est aussi ce qui explique que ce dernier profite moins des annonces que les rendements des autres pays, a-t-il noté.

"Mais le marché n'en salue pas moins cette décision extrêmement accommodante, qui bénéficiera à l'ensemble des actifs obligataires, avec une pression constante de la BCE présente mois après mois sur le marché", selon lui.

Bras de fer

En effet ces 20 milliards mensuels s'ajoutent aux réinvestissements par l'institution de l'argent généré par ses précédents achats.

"En octobre 31,7 milliards seront ainsi réinvestis et c'est sans doute pour cette raison que la BCE ne commence son nouveau programme qu'en novembre", a estimé M. Dixmier.

"Le montant sera de 16,5 milliards en novembre, a-t-il encore précisé, et de 10 milliards en décembre".

"Le président de la BCE, Mario Draghi, a réussi à tordre le bras aux moins accommodants, a-t-il ajouté, c'est un bras de fer qu'il mène depuis des années et il a donc réussi à imposer ses vues jusqu'au bout de son mandat".

A 18H00 (16H00 GMT), le taux à dix ans de l'Italie a reculé nettement à 0,862% contre 0,966%, mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de l'Espagne a également reflué à 0,216% contre 0,247%.

En revanche, le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne (Bund) a légèrement progressé à -0,520% contre -0,566% tout comme celui de la France à -0,241% contre -0,267%.

Au Royaume-Uni, le taux d'emprunt à 10 ans a clôturé pour sa part à 0,667% contre 0,634%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans montait un peu à 1,769% contre 1,739%, celui à 30 ans à 2,238% contre 2,221%. Le taux à deux ans s'affichait pour sa part à 1,709% contre 1,674%.

afp/rp