Paris (awp/afp) - Le marché européen de la dette souveraine servait de valeur refuge jeudi dans la foulée de la baisse des taux de rendements américains après la réunion de la Fed et dans un contexte tendu autour du Brexit.

"Le marché obligataire a réagi très nettement aux annonces (de la Fed) sur les taux américains", par "une baisse des taux généralisée sur toutes les maturités" en zone euro, relève auprès de l'AFP Guillaume Rigeade, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

La Banque centrale américaine (Fed) a drastiquement changé de cap mercredi en renonçant à relever ses taux d'intérêt cette année, dans la perspective d'un ralentissement plus marqué de la croissance aux Etats-Unis et d'une inflation toujours plus contenue.

Jusqu'alors, elle prévoyait encore deux hausses de taux d'intérêt.

"La Fed a annoncé qu'elle n'allait pas remonter les taux de sitôt" tout en se laissant "des marges de manoeuvre en cas d'évolution de la croissance, de l'inflation et des risques extérieurs", souligne M. Rigeade.

Toutes les craintes qui ont été évoquées par la Fed, à savoir la difficile sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit) ou encore les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, "créent de l'aversion pour le risque et font baisser les taux d'emprunt obligataires", note l'expert.

"Le marché obligataire sert de valeur refuge dans ce mouvement d'aversion pour le risque lié aujourd'hui au Brexit et à la perspective d'un ralentissement économique, d'où les taux qui baissent", précise-t-il.

La Première ministre britannique Theresa May a demandé un report jusqu'au 30 juin de la date du divorce, normalement prévu le 29 mars, afin d'avoir le temps de faire accepter puis ratifier l'accord de Brexit par les députés britanniques qui l'ont déjà rejeté à deux reprises.

Les dirigeants européens ont mis le Royaume-Uni au pied du mur jeudi, en avertissant qu'un nouveau rejet de l'accord de Brexit par les députés britanniques déboucherait sur un divorce chaotique, à huit jours de la date butoir.

"L'actualité sur le Brexit n'est pas très optimiste. La situation ne s'éclaircit pas alors qu'on se rapproche de la date fatidique" de fin mars, constate M. Rigeade.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a reculé à 0,041% contre 0,084% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, baissant à 0,403% contre 0,458%, tout comme celui de l'Espagne, qui a reculé à 1,101% contre 1,164%, et celui de l'Italie, qui a reflué à 2,456% contre 2,526%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans s'est également nettement détendu à 1,064% contre 1,157%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se stabilisait à 2,523% contre 2,526% mercredi, tandis que celui à 30 ans baissait légèrement à 2,957% contre 2,971%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,400% contre 2,396%.

afp/rp