Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt italien a nettement progressé jeudi, les investisseurs optant pour la prudence à l'approche de la rentrée et de l'élaboration du budget du pays.

"Des inquiétudes au sujet du budget italien se font sentir, il y a toujours l'incertitude de savoir si l'Italie va essayer de s'affranchir de la règle des 3%, ce qui la mettrait en procédure de déficit excessif et entraînerait un clash avec la zone euro", a commenté auprès de l'AFP Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

"Cette règle (européenne qui limite le déficit public à 3% du produit intérieur brut NDLR) est surtout là pour assurer la soutenabilité de la dette publique", a-t-il rappelé.

L'inquiétude est notamment alimentée par les différentes déclarations des membres du gouvernement italien, qui entretiennent le flou sur cette question.

"Les dernières déclarations des officiels ne vont pas dans un sens qui montrerait qu'ils seront conciliants", a souligné auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio avait notamment suggéré mardi dans une interview publiée dans la presse italienne que le gouvernement aurait besoin de s'affranchir de la règle européenne limitant le déficit budgétaire afin de pouvoir réaliser son programme.

Suivant ces déclarations, le ministre italien des Finances, Giovanni Tria, a cherché à rassurer les marchés, déclarant à la presse que l'Italie ne prévoyait pas d'outrepasser cette règle budgétaire.

"Les taux italiens resteront sous pression tant que nous n'y verrons pas plus clair sur le budget italien", a résumé M. Bourguignon.

Les taux d'emprunt de l'Allemagne et de la France, considérés comme les pays les plus solides de la zone euro, ont profité de cette aversion pour le risque.

Relations commerciales en toile de fond

Outre la situation italienne, les investisseurs restaient prudents par rapport aux négociations sur le Brexit.

"Nous sommes dans une phase terminale où l'hypothèse d'absence d'accord n'est pas improbable", a expliqué M. Bourguignon.

Le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit, Michel Barnier, s'est toutefois montré rassurant mercredi soir en affirmant qu'un partenariat d'une ampleur inédite pour un pays tiers pourrait être trouvé avec la Grande-Bretagne.

Par ailleurs, les investisseurs surveillaient toujours le dossier commercial.

Ils restaient jeudi dans l'attente de la conclusion des négociations entre les Etats-Unis et le Canada au sujet de la révision de l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna).

Un accord pourrait être trouvé d'ici à vendredi, a estimé la ministre canadienne des Affaires étrangères.

L'inquiétude au sujet des relations entre les Etats-Unis et la Chine demeurait en toile de fond, une semaine après des négociations entre les deux pays qui n'ont débouché sur aucune avancée concrète.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a nettement reculé, terminant à 0,346% contre 0,404% à 18H00 (16H00 GMT) mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même tendance, s'établissant à 0,693% contre 0,736%.

Celui de l'Espagne a terminé stable à 1,470% contre 1,464%.

En revanche, celui de l'Italie a nettement progressé à 3,215% contre 3,125%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans s'est un peu détendu à 1,455% contre 1,489%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis baissait un peu à 2,863%, contre 2,884% mercredi, tout comme celui à 30 ans à 3,007% contre 3,021%. Le taux à 2 ans s'établissait à 2,653% contre 2,676%.

afp/buc