Paris (awp/afp) - Les rendements obligataires ont continué à progresser lentement mais sûrement mercredi, avec des investisseurs davantage enclins à prendre des risques alors que l'horizon géopolitique et macroéconomique semble s'éclaircir peu à peu.

"Toutes les inquiétudes que l'on avait eues à la fin de l'année dernière sont en train de s'estomper et nous assistons à une reprise du goût du risque", a analysé auprès de l'AFP Christophe Dehondt, gérant obligataire chez CPR AM.

Les bonnes nouvelles ont en effet continué de doper l'appétit des investisseurs mercredi avec une croissance chinoise qui s'est stabilisée à 6,4% sur un an au premier trimestre, faisant mieux qu'attendu.

La production industrielle du pays, quant à elle, a enregistré une croissance plus forte, progressant de 6,5% au premier trimestre sur un an, soit +1,2 point par rapport à janvier-février, signant "un plus haut depuis 2014", selon M. Dehondt.

"Le fait d'avoir une croissance chinoise qui tient signifie plus d'exportations pour la zone euro et pour l'Allemagne, et donc une reprise pour cette dernière", qui vient de diviser par deux sa prévision de croissance pour 2019, a-t-il ajouté.

Le fait que la Banque centrale européenne (BCE) ait laissé entendre la semaine dernière que la mise en place de mesures de tiering (des seuils de rémunération par paliers des dépôts bancaires, NDLR), envisagée pour contrer les effets néfastes des taux négatifs, n'était pas encore actée "a commencé à pousser un peu les taux à la hausse", a estimé M. Dehondt.

Par ailleurs, "il y a moins de risques, entre le report du Brexit et des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine qui semblent aller un peu mieux", a-t-il poursuivi.

Quant au déficit de l'Italie qui continue à poser problème, "nous savons que ce ne sera pas une préoccupation immédiate", a observé le spécialiste.

"L'horizon est ouvert et les investisseurs, qui cherchent du rendement, reprennent des risques", a-t-il résumé, ce qui les détourne des obligations d'État, valeurs refuge par excellence.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a très légèrement progressé à 0,078% contre 0,065% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France est également un peu monté à 0,420% contre 0,418%, à l'instar de celui de l'Espagne, à 1,098% contre 1,082% tandis que le mouvement haussier a été un peu plus prononcé sur l'Italie, à 2,610% contre 2,592%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique a aussi terminé en hausse à 1,232% contre 1,217%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans refluait très légèrement à 2,585% contre 2,590% mardi, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,984% contre 2,992%. Celui à deux ans s'établissait à 2,400% contre 2,412%.

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