Paris (awp/afp) - Le marché de la dette européen a de nouveau peu varié mardi, après avoir connu un regain de volatilité la semaine dernière, les investisseurs abordant le coeur de la période estivale en ayant déjà en grande partie anticipé les mouvements à venir.

"Globalement, les marchés semblent s'acheminer vers un été tranquille avec des variations relativement faibles sur les taux d'intérêt", a souligné auprès de l'AFP Eric Bourguignon, membre du directoire de Swiss Life AM France.

Si les taux se stabilisent désormais, selon lui, c'est que "sur les deux mois qui viennent, il y a une bonne visibilité pour les marchés" qui, "quand ils pensent qu'ils n'auront pas de surprise, bougent moins".

"Cette visibilité se base sur trois raisons: la certitude que les Banques centrales vont baisser les taux, notamment la Fed, des nouvelles économiques plutôt rassurantes aux Etats-Unis, en zone euro, voire en Chine, et la conviction que la guerre commerciale finira par un compromis entre les Etats-Unis et la Chine", a détaillé le spécialiste.

"Le scénario d'un trou d'air économique semble écarté sur un horizon court, ce qui rassure les marchés" et la Chine par ailleurs "ne peut pas se permettre le luxe d'une aggravation de la crise" commerciale avec les Etats-Unis, a complété M. Bourguignon.

Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a annoncé lundi une nouvelle réunion téléphonique "à haut niveau" cette semaine entre les négociateurs américains et chinois. Il s'agirait du deuxième appel de ce type en deux semaines.

Tension des taux américains

Seul mouvement notable du jour sur le marché des taux souverains: l'écart entre le taux italien à dix ans et le taux allemand de même échéance "continue à se réduire sur des rumeurs d'élections anticipées en Italie", a-t-il relevé. Il est en effet tombé mardi à un nouveau plus bas depuis fin mai 2018.

Par ailleurs, "les taux américains remontent un peu après des ventes au détail beaucoup plus fortes que prévu", a également noté M. Bourguignon.

Les ventes au détail aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu en juin, dépassant les attentes des analystes, a annoncé mardi le département du Commerce tandis que les prix des produits importés ont chuté.

"A court terme, deux risques sont susceptibles de bouleverser ce scénario" d'un été calme, même si leur "probabilité est faible", a estimé M. Bourguignon.

Ces risques sont "que l'inflation connaisse une brutale accélération au cours des deux prochains mois, ce qui remettrait en cause l'ampleur du relâchement monétaire que les marchés anticipent" et "un regain de tensions commerciales qui pourrait se traduire par un nouveau ralentissement de l'économie mondiale", a-t-il précisé.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne, ou "Bund", qui fait référence, a terminé quasiment stable à -0,249% contre -0,257% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le taux à dix ans de la France a suivi la même tendance, à 0,004% contre 0,007%, tout comme celui de l'Espagne à 0,483% contre 0,499%.

Celui de l'Italie a en revanche reculé, à 1,608% contre 1,644%.

Le rendement à 10 ans du Royaume-Uni a également fini sans grand changement, à 0,818% contre 0,798%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans montait à 2,141% contre 2,089% lundi, comme celui à trente ans, à 2,652% contre 2,611%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 1,876% contre 1,829%.

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