Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont fait du surplace mardi, la perspective de la réunion de la BCE jeudi limitant les initiatives des investisseurs dans un contexte d'optimisme généralisé restant toutefois porteur pour le marché obligataire.

"Une solution politique temporaire (a été trouvée) aux Etats-Unis donc c'est une incertitude de moins", a observé auprès de l'AFP Laurent Geronimi, directeur de la gestion taux de Swiss Life Banque Privée.

A l'issue d'intenses tractations, les leaders démocrates du Sénat ont accepté un texte assurant le financement de l'Etat jusqu'au 8 février. Le compromis élaboré au Congrès a été promulgué lundi soir par Donald Trump.

De façon plus globale, "dans toutes les parties du monde, il y a une détente des rendements obligataires", qui est particulièrement marquée dans les pays les moins solides de la zone euro, à l'image de la Grèce, du Portugal ou encore de l'Espagne et de l'Italie, a complété M. Geronimi.

L'origine de ce mouvement est à chercher du côté "d'une croissance très forte en zone euro, beaucoup plus forte que ce qui était anticipé", a-t-il expliqué, rappelant que le FMI venait de réviser ses prévisions de croissance non seulement pour l'Europe mais également à l'échelle mondiale.

Mais les investisseurs attendaient surtout la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ce jeudi, ce qui encourageait un certain attentisme sur le marché.

"La vraie crainte est de savoir quel discours l'institution de Francfort va tenir sur l'arrêt progressif de son programme d'achats d'actifs car nous redoutons tous qu'en 2018 les banquiers centraux soient contraints d'infléchir leurs politiques monétaires", a estimé M. Geronimi.

- Crainte sur l'inflation -

En effet, "mécaniquement, le retour de l'inflation est une probabilité assez forte", selon lui, en particulier aux Etats-Unis "où la croissance est forte et alors que les allègements fiscaux décidés fin 2017 donnent un vrai choc de compétitivité aux entreprises américaines".

Il en veut pour nouvelle preuve la publication ce mardi d'un moral des investisseurs allemands ayant augmenté bien davantage qu'escompté en janvier, à 20,4 points, porté par un contexte mondial favorable aux firmes exportatrices d'outre-Rhin, selon le baromètre réalisé par l'institut ZEW.

"Le vrai risque sur 2018 est une remontée spectaculaire des taux d'intérêt venant des Etats-Unis qui se transmettrait par corrélation à la zone euro même si la BCE poursuit son programme de rachats d'actifs", a-t-il résumé.

Pour autant, à court terme, l'institution de Francfort va sans doute opter pour le statu quo car "nous n'avons toujours pas de gouvernement en Allemagne, même si une coalition semble se dessiner, et il y a la perspective des élections législatives en Italie", a souligné M. Geronimi.

En outre, le niveau élevé de l'euro face au dollar "est quand même un frein contre l'inflation", a jugé le spécialiste.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a terminé quasiment inchangé à 0,561% contre 0,567% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a lui aussi très peu bougé, finissant à 0,842% contre 0,843%.

Celui de l'Italie s'est en revanche détendu, terminant à 1,889% contre 1,923%, tout comme celui de l'Espagne, à 1,358% contre 1,393%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a fini stable, à 1,353% contre 1,358%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis se repliait un peu à 2,622% contre 2,650% lundi, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,895% contre 2,913%, tandis que celui à deux ans s'établissait à 2,053% contre 2,061%.

afp/rp