PARIS (awp/afp) - Les taux d'emprunt ont peu évolué mercredi en zone euro, après plusieurs séances de recul, les investisseurs restant prudents dans un contexte macroéconomique toujours incertain, malgré de bons indicateurs publiés des deux côtés de l'Atlantique.

"Globalement, on a quand même des bons chiffres de l'emploi encore aux Etats-Unis, donc toute la dynamique de l'économie américaine se poursuit", ce qui a été salué par les marchés actions, a observé auprès de l'AFP Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

Les créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis ont progressé en mars, s'établissant à 263.000 alors que les analystes s'attendaient à 175.000, selon des chiffres publiés mercredi par la société de services informatiques ADP.

Mais les marchés actions, qui avaient accueilli ces statistiques avec enthousiasme, ne sont finalement pas parvenus à dépasser leur réserve, échaudés par un léger ralentissement de l'activité dans les services en mars, et surtout par une progression inattendue des stocks de pétrole brut, qui ont signé un nouveau record.

Le marché obligataire a finalement profité en fin de séance de cette fébrilité retrouvée, qui a mis un terme au mouvement de tension des taux d'emprunt observé en début d'après-midi.

Par ailleurs, le gouverneur de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, "suggère lui que si les achats de titres ("quantitative easing") pouvaient s'arrêter d'ici un an, ce serait bien", ce qui "a tendance tout de même à peser sur les titres allemands plus que sur le reste", ces derniers s'étant finalement stabilisés après avoir nettement reculé les deux séances précédentes, a noté M. Robin.

"Le moment se rapproche, de mon point de vue, de ne plus appuyer sur la pédale d'accélérateur, mais de lever le pied" en matière de politique monétaire expansionniste, a déclaré M. Weidmann dans une interview à l'hebdomadaire "Die Zeit" publiée en ligne ce mercredi.

"Je saluerais le fait qu'il n'y ait plus du tout d'achats d'obligations d'ici un an", a-t-il poursuivi.

Le marché obligataire, considéré comme une valeur refuge, profitait en outre toujours des incertitudes entourant le résultat de l'élection présidentielle française même si le taux d'emprunt français à dix ans a bien résisté.

Selon M. Robin, cette bonne tenue est imputable à "la confirmation que finalement Marine Le Pen n'a pas été vue comme l'une des grandes gagnantes" du débat entre les onze candidats à l'élection présidentielle française de mardi soir, "ce qui soutient plutôt la dette française".

Mais le principal rendez-vous du jour aura lieu après la clôture des marchés européens avec la publication des minutes du dernier Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC).

"Pour l'instant, le marché n'anticipe pas grand-chose sur la prochaine réunion de la Fed en juin", a souligné M. Robin, mais il "pourrait redevenir nerveux" selon les éclaircissements apportés par la banque centrale américaine, a-t-il complété.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini quasiment à l'équilibre à 0,258%, contre 0,257% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi le même mouvement, à 0,923% contre 0,927% tandis que celui de l'Espagne s'est également stabilisé à 1,620% contre 1,617%, de même que celui de l'Italie, à 2,271% contre 2,276%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans s'est en revanche nettement tendu à 1,092% contre 1,067%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans restait quasi stable à 2,359% contre 2,361%, tout comme le taux à trente ans à 3,001% contre 3,000%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,254% contre 1,252%.

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