Paris (awp/afp) - Le marché de la dette en zone euro s'est détendu jeudi dans le sillage de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) qui, comme attendu, a laissé ses taux directeurs inchangés.

Le marché estime que le discours prononcé par le président de la BCE, Mario Draghi, dans le sillage de la décision sur les taux "est relativement accommodant puisque finalement il n'y a quasiment pas de changement par rapport au mois de mars", a commenté auprès de l'AFP Patrick Jacq, un stratégiste obligataire de BNP Paribas.

"Le risque était que le ton change un tout petit peu, devenant moins accommodant en raison d'une situation globale qui s'améliore mais en réalité, à part le passage sur le fait que progressivement les risques sont plus balancés et plutôt d'origine globale (mondiale, ndlr) que domestique (intérieure, ndlr), il n'y a rien de différent", a-t-il complété.

Mario Draghi a déclaré jeudi que la reprise économique en zone euro était "de plus en plus solide", tout en signalant que l'inflation devait encore se montrer résistante sur la durée.

L'institution de Francfort a maintenu à zéro son principal taux directeur, qui fait référence pour le crédit en zone euro, et n'a par ailleurs annoncé aucune nouvelle modification de son vaste programme de rachats d'actifs.

Les économistes n'attendaient aucune annonce nouvelle sur le front des taux, avant le second tour de l'élection présidentielle en France prévu le 7 mai. Les taux n'ont plus bougé depuis mars 2016 et la banque centrale promet depuis de les maintenir très bas encore longtemps.

Soulagés de ce statu quo, les taux d'emprunt de la zone euro ont connu un mouvement généralisé de détente, même si celui-ci est resté limité.

"Cette fois-ci le marché a pris les choses de façon positive alors que la dernière fois, il les avait prises de façon négative", a observé M. Jacq.

"C'est peut-être parce qu'en mars, nous avions eu des statistiques d'inflation mauvaises et que dans ce contexte, le ton de la BCE avait paru un peu dur", a-t-il estimé, soulignant que les investisseurs avaient sans doute saisi le prétexte de la BCE pour rattraper les pertes enregistrées depuis deux jours sur le marché obligataire.

Selon M. Jacq, on a pu observer à la suite du premier tour de l'élection présidentielle française une belle tension sur les taux allemands et une belle détente sur les taux français avec un resserrement des écarts de taux entre les pays les plus solides de la zone euro et les pays les plus fragiles de la région.

"Mais dans la semaine qui vient, on va rentrer dans une période peut-être un petit moins nette", marquée par une plus grande volatilité, notamment en fonction des sondages évaluant l'écart entre les candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen dans la course au second tour, a-t-il noté.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en recul à 0,296% contre 0,352% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a connu la même évolution à 0,829% contre 0,890%.

Le rendement de même maturité de l'Italie s'est lui aussi détendu à 2,244% contre 2,312%, tout comme celui de l'Espagne à 1,626% contre 1,699%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a également baissé à 1,064% contre 1,083%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans était quasiment stable à 2,294% contre 2,304%. Le taux à trente ans s'affichait à 2,965% contre 2,960%, tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,265% contre 1,272% mercredi.

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