Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt de la France et de l'Allemagne se sont détendus jeudi, les investisseurs trouvant refuge sur le marché de la dette souveraine après la plus forte chute mensuelle des ventes au détail américaines depuis dix ans.

Les ventes de détail aux États-Unis se sont repliées de 1,2% en décembre comparé à novembre, notamment à cause du "shutdown", entraînant dans le rouge les marchés actions, qui, en Europe, avaient pourtant débuté la séance dans le vert.

"Ce n'est pas un bon chiffre", qui s'explique "peut-être par le marasme boursier de décembre qui aurait poussé le consommateur américain à réfréner ses achats" mais aussi par des "facteurs saisonniers", a commenté auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

Dans le sillage de cette statistique, les rendements allemands et français à dix ans ont nettement baissé, comme leurs homologues américains, à mesure que l'aversion au risque détournait les investisseurs des actions au profit d'actifs jugés plus sûrs.

Ces derniers jours en revanche, les investisseurs avaient plutôt repris goût au risque, délaissant les obligations, après avoir été "rassérénés, au moins à court terme, par la perspective de la prolongation des discussions sur la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine d'une part, et d'autre part par la perspective d'un accord entre démocrates et républicains sur le dossier du +shutdown+", a détaillé M. Bourguignon.

Le marché a été rassuré sur "ces deux sujets qui étaient très anxiogènes", selon le spécialiste, "ce qui lui a permis de conserver un biais en faveur des actifs risqués".

Regain d'appétit pour le risque

Les négociations entre la Chine et les États-Unis ont repris jeudi matin à Pékin, alors que l'administration Trump menace de tirer, dans à peine plus de deux semaines, une nouvelle salve dans la guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales.

Le président américain a cependant affirmé cette semaine qu'il pourrait accorder à la Chine un délai supplémentaire "si nous sommes proches d'un accord, un vrai accord". La trêve, censée prendre fin le 1er mars, pourrait ainsi être prolongée de 60 jours, a indiqué jeudi l'agence Bloomberg, citant une source proche du dossier.

Par ailleurs, un projet de loi visant à éviter une nouvelle paralysie budgétaire (ou "shutdown") aux États-Unis pourrait être soumis au vote de la Chambre des représentants dès jeudi soir, a indiqué mercredi le chef de la majorité démocrate Steny Hoyer.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a reflué à 0,103% contre 0,123% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même trajectoire, baissant à 0,529% contre 0,551%.

Le taux à dix ans de l'Italie est légèrement remonté à 2,803% contre 2,784%, à l'instar de celui de l'Espagne à 1,242% contre 1,234%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a reculé à 1,150% contre 1,182%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se repliait à 2,664% contre 2,702% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,010% contre 3,031%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,506%, contre 2,530%.

afp/rp