Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt allemand à dix ans, ou "Bund", qui fait référence sur le marché de la dette européenne, est tombé vendredi à son plus bas historique, dans un contexte d'aversion au risque exacerbée par l'escalade des tensions commerciales.

Le rendement allemand à dix ans est en effet descendu en séance jusqu'à -0,213%, contre -0,177% jeudi, dépassant ainsi son précédent plus bas du 6 juillet 2016 (-0,205%).

"Les conditions pour une forte demande des investisseurs à l'égard de la sécurité des emprunts allemands sont parfaites: les risques politiques se multiplient, entre les conflits commerciaux, le risque grandissant du Brexit et le retour du conflit" entre l'Italie et l'UE sur le déficit du pays, a indiqué dans une note Elmar Völker, analyste de la banque LBBW.

Et "la menace récente de taxes contre le Mexique a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-il ajouté.

L'intensification du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine depuis le début du mois de mai a largement profité au marché de la dette européen, dont le statut de valeur refuge a joué à plein dans un contexte de craintes grandissantes pour la croissance mondiale.

Ces dernières ont été encore accentuées jeudi par l'annonce surprise de taxes douanières américaines ciblant cette fois le Mexique, accusé de laxisme sur le dossier de l'immigration clandestine.

De son côté, le gouvernement chinois a annoncé vendredi la création de sa propre liste noire d'entreprises étrangères "non fiables", en réponse à l'offensive américaine contre Huawei.

Cette menace intervient au moment où de nouvelles surtaxes doivent entrer en vigueur samedi en Chine sur des produits américains, en représailles aux hausses de droits de douane annoncées par Donald Trump début mai sur des produits chinois.

Dans ce contexte favorable, l'Italie a constitué une exception notable.

Ce ne sont pas "tant toutes ces batailles" entre le gouvernement italien et Bruxelles qui jouent sur la dette italienne, mais "l'impact que le gouvernement populiste aura sur la croissance économique", a expliqué à l'AFP Patrick Barbe, responsable des marchés obligataires européens chez Neuberger Berman. "Le risque pour l'Italie est de ne plus attirer les capitaux étrangers alors qu'ils ont une dette importante."

L'Italie a d'ailleurs revu à la baisse vendredi ses chiffres de croissance pour le premier trimestre, avec une hausse du PIB de seulement 0,1%, un coup dur pour le gouvernement, pressé par la Commission européenne de s'expliquer sur la détérioration de ses comptes publics.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne s'est détendu à -0,205% contre -0,177% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a lui aussi baissé, finissant à 0,205% contre 0,233%, tout comme le taux espagnol de même échéance, qui a reflué à 0,710% contre 0,755%.

Le taux italien à dix ans est en revanche monté à 2,665% contre 2,653% jeudi.

Le taux du Royaume-Uni a pour sa part reculé à 0,884% contre 0,895% jeudi.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se détendait à 2,170% contre 2,213% jeudi, un nouveau plus bas depuis septembre 2017, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,601% contre 2,640%. Celui à deux ans s'établissait de son côté à 1,992% contre 2,055%.

afp/rp