Paris (awp/afp) - Le marché de la dette s'est nettement détendu jeudi, le ton très accommodant de la BCE générant des craintes pour l'économie de la zone euro qui ont conduit les investisseurs à privilégier ces actifs refuge.

"La Banque centrale européenne s'est montrée énormément accommodante et a annoncé beaucoup de choses en même temps", a résumé auprès de l'AFP Eric Vanraes, gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza.

"Elle a donné l'impression d'avoir vidé toutes ses cartouches d'un coup. Cela a créé un sentiment anxiogène sur des marchés qui se sont demandés si la situation économique n'était pas plus grave que ce qu'ils pensaient", a-t-il développé.

"D'autant que parallèlement, les prévisions de croissance et d'inflation ont été révisées de manière drastique", sans compter un potentiel relèvement des taux directeurs "repoussé aux calendes grecs", a ajouté l'expert.

Selon lui, "Mario Draghi met les marchés face à la réalité qu'ils avaient essayé de minimiser, à savoir un ralentissement économique".

Double bénéfice

Dans ce contexte, le marché de la dette a été "doublement bénéficiaire", a expliqué l'expert.

Il a à la fois joué son traditionnel rôle de refuge en cas d'inquiétudes mais il a également été soutenu par l'affirmation que la BCE continuerait à réinvestir longtemps son stock d'obligations arrivant à échéance, a-t-il détaillé.

N'attendant plus que 1,1% de croissance en 2019 pour l'ensemble de la zone et 1,6% en 2020, contre 1,7% pour les deux années, la Banque centrale européenne a repoussé jeudi le moment de relever ses taux d'intérêt, promettant de les maintenir à leur plus bas historique au moins "jusqu'à la fin" de cette année, alors qu'elle se fixait "l'été 2019" pour horizon.

Elle a également annoncé le lancement d'une nouvelle vague de prêts géants et bon marché aux banques, entre septembre prochain et mars 2021, avec, à chaque fois, une échéance de deux ans.

Afin de maintenir des conditions favorables de financement, elle devrait continuer à réinvestir son stock d'obligations à échéance "bien au-delà" de la date à laquelle elle aura commencé à relever les taux d'intérêt.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a nettement reculé à 0,067% contre 0,128% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a également clairement baissé, à 0,422% contre 0,512%, tout comme celui de l'Italie, à 2,469% contre à 2,590%, et celui de l'Espagne, à 1,044% contre 1,113%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a reculé à 1,172% contre 1,227%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans baissait à 2,646%, contre 2,693% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,034% contre 3,070%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,475% contre 2,516%.

afp/rp