Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont légèrement tendus mardi, les investisseurs prenant leurs profits après un bon indicateur allemand, à la veille d'une décision de la Fed et tandis qu'un report du Brexit semblait de plus en plus probable.

Nous observons depuis ce mardi midi "un mouvement de hausse des taux" alors que ces derniers baissaient au démarrage de la séance, a résumé auprès de l'AFP Guillaume Truttmann, gérant crédit chez Meeschaert Asset Management.

"Les Banques centrales avaient créé ces dernières semaines un environnement assez caractéristique des périodes d'assouplissement monétaire avec des actifs risqués qui s'appréciaient bien et parallèlement, malgré tout, des taux qui demeuraient bas", a résumé le spécialiste.

Or, les rendements obligataires ont commencé à remonter à la mi-journée en zone euro, ce qui peut s'expliquer, selon lui, par plusieurs facteurs.

D'abord "l'actualité sur le Brexit avec l'Union européenne qui offrirait une extension conditionnelle du Brexit", ce qui détourne un peu les investisseurs de la dette allemande et de sa fonction de valeur refuge, a détaillé M. Truttmann.

La Première ministre Theresa May va adresser d'ici mercredi une lettre à l'UE pour demander un report du Brexit, forcée de reconnaître que l'impasse au Parlement britannique pour faire adopter son accord de divorce s'est muée en "crise".

A seulement dix jours de la date théorique du Brexit, dont personne ne sait encore quelle forme il prendra, la dirigeante conservatrice, qui avait d'abord prévu un nouveau vote sur son accord de Brexit d'ici mercredi, a été contrainte de revoir sa stratégie après le coup d'éclat du président de la Chambre des Communes, le "speaker" John Bercow.

Ce dernier a statué lundi que Mme May ne pouvait pas revenir au cours de la même session parlementaire devant les députés britanniques avec un texte identique à celui déjà rejeté la semaine dernière.

Par ailleurs, "l'indice ZEW en Allemagne n'a pas été mauvais", a complété M. Truttmann.

Le moral des investisseurs allemands s'est nettement amélioré en mars, remontant à -3,6 points, profitant d'un réchauffement des relations commerciales sino-américaines et de la perspective d'un Brexit retardé, selon le baromètre de l'institut ZEW publié mardi.

Et enfin, "il y a des flux vendeurs assez importants à l'approche de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC)", les investisseurs cherchant à "prendre leurs profits sur la performance de la dette d'État de ces dernières semaines", a estimé M. Truttmann.

La Banque centrale américaine a entamé mardi une réunion de politique monétaire à l'issue de laquelle elle devrait laisser les taux d'intérêt inchangés mais publier de nouvelles prévisions économiques.

Mercredi, Jerome Powell, président de la Fed, tiendra une conférence de presse à 18H30 GMT, sa deuxième de l'année, après la publication du traditionnel communiqué.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne est monté à 0,097% contre 0,083% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a aussi progressé à 0,467% contre 0,455%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Italie s'est quant à lui apprécié à 2,494% contre 2,454%, tout comme celui de l'Espagne, à 1,172% contre 1,159%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans s'est légèrement détendu à 1,186% contre 1,196%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans bougeait peu à 2,607% contre 2,603% lundi. Celui à 30 ans montait légèrement à 3,025% contre 3,017%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,458% contre 2,452%.

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