Paris (awp/afp) - Le marché de la dette en zone euro a continué à se tendre lundi dans un contexte d'appétit pour le risque des investisseurs, pour lesquels la probabilité d'un Brexit sans accord est désormais très faible.

"Toutes les tensions" de taux en zone euro "se font en sympathie" avec le taux d'emprunt à dix ans du Royaume-Uni en particulier, "qui est plus volatil que le reste", a noté auprès de l'AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche de SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

"Nous avons un marché qui a un peu plus d'appétit pour le risque (...) dans l'idée qu'un accord (sur le Brexit) va passer", a-t-il complété.

Conséquence: "les marchés actions sont plutôt bien orientés donc il est normal qu'il y ait une tension sur les taux", selon lui.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est vu refuser lundi un vote du Parlement sur l'accord de Brexit décroché la semaine dernière à Bruxelles, prolongeant la confusion à dix jours de la date prévue pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Il faudra donc attendre l'étude des textes d'application, plus complexes, pour savoir si le Parlement britannique donne son feu vert au compromis, compliquant la tâche des Européens qui doivent se prononcer sur un possible nouveau report du divorce, demandé officiellement par Boris Johnson.

La probabilité de "la mauvaise nouvelle que serait un Brexit dur est quasiment nulle car il est fort probable que l'Union européenne accepte de prolonger le Brexit jusqu'au 31 janvier", a estimé M. Lesné.

Ainsi "l'idée d'un +no deal+ ou d'un crash n'est pas intégrée du tout dans (les prix du) marché", a-t-il poursuivi.

Et la hausse des marchés actions, comme celle des rendements obligataires, pourrait encore se poursuivre, a relevé le spécialiste, en cas de levée des incertitudes sur le Brexit mais surtout si l'accord commercial promis par Washington et Pékin se concrétise effectivement en novembre.

La Chine et les Etats-Unis ont réalisé "un progrès substantiel" dans la recherche d'un accord commercial, a affirmé samedi le principal négociateur chinois dans sa première déclaration depuis ses entretiens avec le président américain Donald Trump la semaine dernière à Washington.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne (Bund) s'est apprécié à -0,346% contre -0,386% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France est également monté, à -0,046% contre -0,082%, tout comme celui de l'Espagne, à 0,279% contre 0,240%. Le mouvement a été identique pour celui de l'Italie, à 0,980% contre 0,923%.

Au Royaume-Uni, le taux d'emprunt à 10 ans a progressé à 0,746% contre 0,705%.

Aux États-Unis, le taux à dix ans s'appréciait à 1,796% contre 1,754%, celui à 30 ans se tendait à 2,291% contre 2,249%. Le taux à deux ans s'affichait pour sa part à 1,602% contre 1,574%.

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