Paris (awp/afp) - Le marché de la dette en zone euro a peu varié mardi, à l'exception du taux d'emprunt français, dont l'écart avec le rendement obligataire de l'Allemagne s'est légèrement creusé après les mesures annoncées lundi par le président français Emmanuel Macron.

"Nous observons des mouvements assez spéculatifs sur les marchés actions mais sur le marché obligataire, il y a moins de liquidités" et les investisseurs manquent de "convictions fortes" à mesure que "l'on se rapproche progressivement de la fin de l'année", a analysé auprès de l'AFP Laurent Geronimi, directeur de la gestion taux de Swiss Life Banque Privée.

"Il n'y a pas de tendance forte" à l'heure actuelle sur le marché de la dette, a-t-il complété.

Il faut néanmoins noter, selon le spécialiste, une légère hausse de l'écart de rendement entre les taux français et allemands à dix ans, à mettre en relation avec l'intervention lundi soir du président de la République française Emmanuel Macron, en réponse à la crise des "gilets jaunes".

Ce petit mouvement de tension du taux français, alors que le taux allemand a très légèrement reflué dans le même temps, témoigne d'une défiance des investisseurs à l'égard de la dette française alors qu'un nouveau dérapage budgétaire se profile pour le pays.

Le ministre français des Comptes publics, Gérald Darmanin, a chiffré mardi devant le Sénat à 2,5% le déficit public, hors bascule du CICE (0,9 pt), après les mesures en faveur du pouvoir d'achat annoncées par l'exécutif.

En intégrant la bascule du CICE (crédit d'impôt transformé en baisse de charges pérenne), le déficit passera de 2,5% à 3,4% l'an prochain. Même si ce chiffre ne prend pas en compte "les mesures d'économies qui seront présentées avant la présentation du projet de budget 2019 à l'Assemblée en nouvelle lecture", a-t-on précisé de source gouvernementale.

Or, si la France dépasse à nouveau la barre des 3% à peine un an après être sorti de la procédure de déficit excessif européenne, elle risque de se retrouver dans le collimateur de Bruxelles qui tape déjà sur les doigts de l'Italie pour un déficit prévu de 2,2%.

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a d'ailleurs estimé mardi que les mesures annoncées par le président français, en augmentant le déficit budgétaire, allaient "ouvrir un problème français, après le problème italien, si les règles sont les mêmes pour tous".

La Commission européenne a de son côté annoncé mardi qu'elle "suivra avec attention l'impact des annonces faites par le président" Macron sur le déficit français et leurs modalités de financement.

"L'écart de rendement entre l'Italie et l'Allemagne reste quant à lui toujours relativement élevé", a complété M. Geronimi, ajoutant que "nous ne sommes pas tirés d'affaire en Italie".

À 18H00 (17H00 GMT), le taux à 10 ans de l'Allemagne a terminé en très légère baisse à 0,232% contre 0,246% lundi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a à l'inverse légèrement progressé à 0,713% contre 0,694%.

Le taux à dix ans de l'Italie s'est lui aussi apprécié à 3,122% contre 3,106% tandis que celui de l'Espagne a fini en petite baisse, à 1,437% contre 1,443%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a poursuivi sa détente, à 1,188% contre 1,199%, après le report par la Première ministre Theresa May du vote prévu mardi devant le Parlement britannique, qui s'apprêtait à rejeter l'accord qu'elle avait trouvé avec l'Union européenne sur le Brexit.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se stabilisait, à 2,850% contre 2,857% lundi. Celui à 30 ans refluait, à 3,103% contre 3,129% tandis que le taux à deux ans s'établissait à 2,737% contre 2,729%.

afp/rp