Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt se sont stabilisés mardi en zone euro, au lendemain d'une séance de nette détente consécutive au regain des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, qui avait conduit les investisseurs à trouver refuge sur le marché obligataire.

"La correction du marché actions européen", qui a rebondi ce mardi, explique que les investisseurs soient moins enclins à se tourner vers le marché obligataire, a relevé auprès de l'AFP Jean-Christophe Machado, un stratégiste obligataire de Natixis.

L'aversion au risque encouragée par la montée des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis avait profité aux taux européens lundi.

Pour autant, un accord potentiel entre Pékin et Washington "n'a pas été rejeté, la négociation n'est pas fermée", a relativisé M. Machado.

La Chine a indiqué mardi n'avoir "aucune information" à transmettre sur un éventuel entretien de Donald Trump avec Xi Jinping, alors que le président américain a annoncé lundi qu'il rencontrerait fin juin son homologue chinois après que la guerre commerciale entre les deux pays a connu une nouvelle flambée.

"Si jamais il y a une vraie escalade dans la guerre commerciale, le +Bund+ (l'emprunt à 10 ans allemand, dont le taux fait référence NDLR) pourrait baisser jusqu'à moins dix points de base", a toutefois estimé M. Machado.

Nous assistons par ailleurs ce mardi à "un resserrement sur les dettes des pays" de la zone euro considérés comme plus fragiles, à l'instar de l'Espagne et du Portugal, dont les taux se rapprochent de ceux des pays réputés plus solides comme la France et l'Allemagne, après s'en être écartés lundi, a expliqué M. Machado.

Seule "l'Italie continue de souffrir car nous restons globalement sur un flux de nouvelles assez mauvais et une vraie défiance" des investisseurs à l'égard de ce pays, ce qui explique que la hausse du rendement italien à dix ans se soit accentuée mardi, a-t-il ajouté.

"Nous dépenserons tout ce que nous devons dépenser jusqu'à ce que nous arrivions à un taux de chômage de 5%, et si quelqu'un à Bruxelles n'est pas content, ce n'est pas notre problème", a déclaré le vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, à des journalistes en marge d'un déplacement à Vérone (nord), se disant y compris prêt à s'affranchir de la limite des 3% de déficit public.

Selon les prévisions publiées il y a une semaine par la Commission européenne, l'Italie fait figure de mauvais élève de la zone euro avec une croissance bien inférieure à la moyenne en 2019 et 2020 et une dette à un niveau record.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne s'est stabilisé à -0,072%, comme lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a fini également quasiment inchangé, à 0,324% contre 0,329%, tandis que celui de l'Espagne a reflué à 0,966% contre 0,986%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Italie a en revanche continué à monter, à 2,727% contre 2,697%.

Celui du Royaume-Uni a fini proche de l'équilibre, à 1,103% contre 1,099%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans montait légèrement, à 2,426% contre 2,401%, à l'instar de celui à 30 ans, à 2,859% contre 2,836%. Celui à deux ans s'établissait de son côté à 2,209% contre 2,188%.

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