Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays les plus solides de la zone euro se sont fortement tendus lundi après des propos du gouverneur de la Banque centrale néerlandaise, Klaas Knot, estimant qu'il n'y avait aucune raison que la BCE poursuive son programme de rachats d'actifs.

"Il y a deux camps au sein de la Banque centrale européenne (BCE), celui de Peter Praet, le chef économiste, qui dit que la fin du programme de rachat d'actifs (ou 'QE' pour 'quantitative easing', ndlr) interviendra quand l'inflation pointera son nez", a expliqué auprès de l'AFP Axel Botte, stratégiste obligataire pour Natixis AM.

Et d'autre part, "de plus en plus de membres de la BCE veulent, eux, un engagement ferme et une communication rapide sur la fin du 'quantitative easing', soit très probablement en septembre", a-t-il complété.

La BCE doit "arrêter aussi vite que possible" son programme de rachat d'actifs qui "a fait, si l'on regarde de manière réaliste, tout ce qu'on pouvait attendre de lui", a remarqué M. Knot dimanche dans l'émission télévisée "Buitenhof", rediffusée lundi.

"Klaas Knot a pris le dessus sur Peter Praet et une nouvelle chassant l'autre, le marché de la dette est reparti plutôt à la hausse avec un gros mouvement sur le taux allemand à dix ans (ou +Bund+)", a ajouté M. Botte.

L'obligation souveraine allemande est en effet montée ce lundi jusqu'à 0,704%, soit son niveau le plus élevé depuis le 4 décembre 2015. Dans son sillage, le taux français de même échéance a atteint jusqu'à 0,981%, un plus haut depuis le 19 avril 2017.

UNE FED SANS GRAND ENJEU

"Il y a également eu un effet miroir sur le marché américain, entraîné à la hausse par le marché européen, avec le taux à dix ans qui évolue autour de 2,70% aux Etats-Unis", a souligné M. Botte.

De son côté, l'écart de taux entre les pays les plus fragiles de la zone euro, comme l'Espagne et l'Italie, et le Bund "continue de se resserrer assez sensiblement, ce qui amortit une partie de la hausse du rendement allemand", a estimé le spécialiste.

Concernant la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) cette semaine, "ce sera la dernière de Janet Yellen donc il n'est pas sûr que ce soit le moment pour modifier très sensiblement la politique monétaire", selon M. Botte.

Alors que le scénario moyen prévoit que la Banque centrale américaine procède à trois hausses de taux en 2018, une seule est pour l'instant anticipée pour 2019.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est tendu à 0,694% contre 0,629% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a connu une trajectoire similaire, montant à 0,970% contre 0,913%.

Celui de l'Italie s'est stabilisé à 2,026% contre 2,007%, tandis que le taux espagnol de même échéance a fini quasiment inchangé à 1,419% contre 1,409%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique s'est lui aussi tendu, quoique plus modestement, à 1,453% contre 1,444%, après être monté jusqu'à 1,471%, un maximum en quasiment un an.

A la fermeture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis s'appréciait à 2,703% contre 2,660% vendredi, tandis que celui à 30 ans progressait à 2,948% contre 2,911% et que celui à deux ans s'établissait à 2,124% contre 2,116%.

afp/buc