Paris (awp/afp) - La nomination de Christine Lagarde à la tête de la BCE a entraîné les rendements obligataires européens à de nouveaux plus bas historiques mercredi, les investisseurs anticipant une poursuite de la politique accommodante menée par son prédécesseur, Mario Draghi.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne, ou "Bund", qui fait référence sur le marché européen de la dette, est ainsi tombé mercredi jusqu'à -0,381%, contre -0,367% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi le même mouvement, signant lui aussi un nouveau plus bas historique à -0,076%, contre -0,056% mardi, tout comme le taux espagnol de même échéance, qui est tombé jusqu'à 0,202%, contre 0,293% mardi.

Les taux britannique et italien ont également enregistré de nouveaux plus bas, à respectivement 0,665% contre 0,722% mardi, un minimum depuis septembre 2016, et 1,726% contre 1,839% mardi, un plus bas depuis mai 2018.

"La nouvelle chute des taux en zone euro pourrait s'expliquer selon nous par la prise en compte de la nomination de Christine Lagarde à la tête de la BCE", a commenté dans une note Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

"Au niveau économique elle est considérée comme ayant les mêmes visions monétaires que Mario Draghi. C'est donc dans la continuité qu'elle s'installe", ont jugé de leur côté les experts de Mirabaud Securities Genève.

Les investisseurs s'attendent en effet à ce que Christine Lagarde adopte une vision monétaire plutôt accommodante dans ses nouvelles fonctions.

L'actuel président de la Banque centrale européenne a déclaré le 18 juin que l'institution de Francfort pourrait recommencer à baisser ses taux d'intérêt après plus de trois ans de stagnation ou même relancer son programme de rachats d'actifs si les perspectives économiques de la zone euro ne s'amélioraient pas.

La Réserve fédérale américaine (Fed) lui a emboîté le pas deux jours plus tard, ouvrant la porte à une possible baisse des taux d'intérêt pour soutenir l'économie, évoquant les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.

Cette perspective d'un assouplissement monétaire des deux côtés de l'Atlantique a précipité la détente des taux souverains européens, qui ne cessent de battre des records à la baisse depuis le mois de mai, évoluant désormais pour beaucoup en territoire négatif alors que le marché anticipe des baisses de taux des deux côtés de l'Atlantique.

En zone euro, "la dette souveraine en territoire négatif vient d'atteindre le montant de 5000 milliards d'euros, soit l'équivalent de 64% du montant total", a ainsi rappelé dans une note Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

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