Zurich (awp) - La Bourse suisse a encore chuté vendredi, poursuivant sur la lancée négative de la veille. En séance, le SMI est repassé sous la barre des 9700 points, perdant pas loin de 500 points par rapport à son cours d'ouverture et plus haut du jour avant de se reprendre un peu sur la fin et de finir légèrement au-dessus de ce plancher.

La crise du coronavirus pèse désormais sur les budgets des Etats. Standard and Poor's a devisé l'impact potentiel de l'épidémie sur les économies en zone Asie-Pacifique à plus de 200 milliards de dollars.

Principal foyer européen, l'Italie veut demander à Bruxelles une dérogation pour pouvoir augmenter son déficit et financer un fonds de santé publique de 7,5 milliards d'euros, relève David Madden, de CMC Markets, dans un commentaire.

A New York, Wall Street reculait fortement en matinée. Les investisseurs continuaient à se ruer sur les produits financiers considérés comme des valeurs refuges, dont la dette des Etats-Unis. Signe d'une très forte demande, le taux sur les obligations américaines à 10 ans a plongé pour la première fois sous le seuil des 0,7%.

Vendredi, ni les bons chiffres sur la santé de l'économie américaine, ni les exhortations du président américain Donald Trump, n'ont permis de rasséréner les courtiers.

Dans un commentaire à chaud, John Plassard, de Mirabaud Securities, a relevé que si les chiffres de l'emploi de février sont très positifs (révisions positives, baisse du taux de chômage, forte croissance des salaires ou encore créations d'emploi au plus haut de mai 2018), c'est bien évidemment l'ombre du coronavirus qui perturbe.

L'expert a relevé que, sans prendre de risque, on peut imaginer que la propagation de l'épidémie dans le monde et la multiplication des cas de contamination aux États-Unis vont impacter les chiffres de l'emploi de mars et par rebond la première économie mondiale.

Le SMI a terminé en recul de 4,01% à 9736,82 points, avec un plus bas à 9652,51 et un plus haut à 10'142,31 points. Sur l'ensemble de la semaine, il n'a cependant perdu que moins de 1%. Le SLI a chuté de 3,87% à 1476,91 points et le SPI de 3,79% à 11'880,22 points. Les 30 valeurs vedettes ont toutes terminé dans le rouge.

Le bon Schindler (-0,6%) et Julius Bär (-1,96%) sont les seules valeurs à avoir abandonné moins de 2%.

Les deux autres bancaires Credit Suisse (-4,1%) et UBS (-3,1%) n'ont pas échappé à la tendance.

Dans le camp des poids lourds, Novartis (-3,4%) a fait légèrement mieux que le SMI et Roche (-4,6%) "encore pire", alors que Nestlé (-4,1%) est resté dans le sillage de l'indice phare de la Bourse suisse.

Sika (-6,5%) a écopé de la lanterne rouge, derrière Alcon (-6,3%) et AMS (-4,7%). Juste après la clôture, AMS a annoncé le départ de son directeur financier (CFO) Michael Wachsler pour fin mai, remplacé par Ingo Bank.

Richemont (-2,4%) et Swatch (-2,5%) ont relativement bien résisté. ODDO a abaissé l'objectif de cours des deux titres avec à chaque fois recommandation "reduce". Le coronavirus se mue en un ralentissement économique mondial temporaire, ont relevé les analystes.

Sur le marché élargi, on trouve quelques gagnants. Le fabricant d'éléments de construction et de dispositifs de fixation métalliques SFS (+1,3%) a bien résisté après avoir présenté des résultats 2019 honorables.

Le constructeur de machines d'usinage Starrag (+1,3%) a confirmé le déclin de ses entrées de commandes et levé le voile sur une rentabilité amputée de moitié en 2019. Le dividende reste inchangé. La direction s'attend à un possible recul du chiffre d'affaires en 2020.

Zug Estates (+1,7%) a aussi fait de la résistance. La société immobilière a promis à ses actionnaires une double rémunération au titre de 2019. La direction anticipe pour l'année en cours une accélération non chiffrée des revenus locatifs.

Calida (-3,3%) a fait les frais d'une péjoration généralisée de ses résultats l'an dernier. Le bénéfice net a chuté, même si la rentabilité opérationnelle s'est améliorée.

Le fabricant de compteurs Landis+Gyr (-6,9%) a annoncé le départ inattendu de son directeur général (CEO) Richard Mora pour fin mars. Werner Lieberherr lui succédera à compter du 1er avril prochain.

rp/buc