Zurich (awp) - La Bourse suisse évoluait toujours en très forte baisse lundi en fin de matinée, après avoir subi une saignée vendredi dernier. La propagation de l'épidémie mondiale de coronavirus pesait fortement sur le moral des investisseurs. Une guerre des prix du pétrole initiée par l'Arabie saoudite poussait le moral dans les tréfonds.

L'épidémie de coronavirus continue de se propager à vive allure sur la planète, provoquant la paralysie d'une partie de l'Italie. Dans le monde, 109'032 cas d'infection sont recensés dans 99 pays et territoires, causant la mort de 3792 personnes, selon un bilan établi par l'AFP. La Suisse a quant à elle enregistré dimanche un 2e décès dû au Covid-19, un homme âgé de 76 ans en mauvaise santé.

Les cours du pétrole chutaient lourdement en Asie, après que l'Arabie saoudite eut décidé de baisser ses prix à la livraison en raison de l'échec de l'Opep et de ses alliés à se mettre d'accord pour soutenir les cours. Le prix du baril de Brent abandonnait plus de 18%.

En Asie, les principales places financières s'effondraient, à l'instar de Tokyo où le Nikkei a chuté de 5,07% en clôture. Les places européennes cédaient aussi leurs gains avec le Dax (-5,3%), le CAC 40 (-6,0%) et le FTSE 100 (-6,0%).

Les devises participaient à la volatilité ambiante et le franc, jouant son rôle de valeur refuge, s'appréciait face aux principales monnaies. Il se renforçait à 1,0586 franc pour un euro et à 0,9288 franc pour un dollar.

"Rarement, la volatilité des marchés a été aussi élevée que durant la semaine écoulée. La faute au développement du coronavirus et aux craintes suscitées par son impact économique", a rappelé John Plassard de Mirabaud Securities dans une note.

Selon ce dernier, "les indices européens se dirigent vers un lundi noir ce matin dans le sillage de l'échec des discussions entre l'Opep et la Russie".

A 10h56, le SMI reculait fortement de 3,9% à 9358,43 points, après avoir ouvert sur un plongeon de plus de 6%. L'indice SLI perdait 4,7% à 1408,04 points, tiré à la baisse par l'ensemble des 30 valeurs vedettes, tandis que le SPI abandonnait 3,8% à 11'426,98 points.

Les plus fortes baisses étaient enregistrées par les valeurs financières et cycliques. AMS (-9,5%) prenait la place de lanterne rouge, suivi par Credit Suisse (-7,8%) et ABB (-7,2%). L'autre grande banque suisse UBS (-5,9%) baissait aussi fortement.

Les spécialistes du luxe Swatch (-5,7%) et Richemont (-5,6%) s'effondraient également. Swatch jouit d'une très solide position sur le marché chinois et a donc été fortement touché par la fermeture provisoire de centaines de magasins dans l'Empire du Milieu. La chaîne de livraison est moins impactée, car le groupe produit énormément en Suisse, a indiqué le patron de l'horloger biennois Nick Hayek dans la presse dominicale.

Les poids lourds de la cote Nestlé (-2,5%), Novartis (-2,0%) et Roche (-4,3%) n'étaient d'aucun secours.

Le marché élargi était également affecté par la débandade généralisée.

Belimo (-2,2%) n'était pas épargné, malgré la publication d'un bénéfice net en forte hausse de 17,5% à 121,1 millions de francs suisses en 2019. Le généreux dividende relevé à 150 francs suisses, alors que les analystes d'AWP s'attendaient à 112 francs suisses, ne suffisait pas à convaincre les investisseurs.

Ypsomed (-6,3%) a indiqué vendredi soir s'attendre à une croissance moindre que prévu dans son coeur de métier, rabotant dans la foulée son objectif de résultat opérationnel (Ebit) à 9 millions de francs suisses pour son exercice décalé 2019/20.

Tornos (-4,9%) se relevait quelque peu après avoir lourdement chuté à l'ouverture (-14,2%). Le fabricant de machines-outils a subi de plein fouet en 2019 les difficultés rencontrées par le secteur automobile. Il a vu ses résultats chuter drastiquement, ce qui a incité le groupe prévôtois à renoncer au dividende.

Sulzer (-9,9%) souffrait toujours, mais moins qu'à l'ouverture (-25,6%), affecté par la guerre des prix du pétrole qui risque d'impacter ses activités dans le domaine.

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