Zurich (awp) - La Bourse suisse a connu une des pires séances de son histoire jeudi, à l'instar des autres marchés des actions. La première banderille a été placée par l'OMS, qui a officialisé mercredi soir que le coronavirus était bien une pandémie. La deuxième est venue du président américain Donald Trump, qui a décidé d'interdire l'entrée aux Etats-Unis des voyageurs ayant récemment séjourné en Europe. Et la troisième a été placée par la Banque centrale européenne (BCE), qui a décidé de maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel.

Dans cet environnement, le SMI des valeurs vedettes a accusé une baisse supérieure à 10%, passant sous la barre des 8200 points avant de se redresser un peu en toute fin de séance.

Très attendue face à la pandémie de coronavirus, la BCE a présenté une série de mesures pour calmer les marchés financiers et soutenir l'économie. Elle n'a en revanche pas touché à ses taux d'intérêt directeurs et la présidente de l'institution, Christine Lagarde, a déploré "la lenteur et la complaisance" des gouvernements.

"Tel un médecin à court de médicaments, le désir de la BCE de dévoiler un nouvel assouplissement monétaire pour affronter le coronavirus s'est heurté durement à la réalité", a commenté Ulas Akincilar, analyste pour Infinox.

La pandémie de coronavirus, "choc majeur" pour l'économie en zone euro, requiert une "réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée", a estimé Mme Lagarde. Elle a ajouté que l'institut voit une "considérable aggravation des perspectives de croissance à court terme" en zone euro, demandant aux Etats de prendre eux aussi des mesures pour soutenir leur économie.

A New York, Wall Street dévissait dans la matinée. Les échanges avaient même été suspendus après une baisse de plus de 7% du S&P 500.

Selon Patrick O'Hare, de Briefing, beaucoup d'investisseurs estiment que les annonces de M. Trump "sont loin des attentes pour soutenir l'économie et pour stimuler la confiance des consommateurs".

"Le coeur du problème, c'est que tous les efforts qui sont menés pour limiter la propagation du coronavirus vont avoir des conséquences économiques négatives qui vont lourdement peser sur les perspectives de revenus, car elles vont aussi limiter les dépenses des consommateurs et des entreprises", a-t-il précisé.

Le SMI a terminé en recul de 9,64% à 8270,44 points, avec un plus bas à 8168,86 et un plus haut (à l'ouverture) à 9152,50 points. Le SLI a cédé 10,55% à 1228,21 points et le SPI 9,11% à 10'144,29 points. Les 30 valeurs vedettes ont fini dans le rouge.

Le bon Schindler (-3,6%), Kühne+Nagel (-5,1%) et Nestlé (-6,2%) ont le mieux "résisté".

Roche (-7,6%) et Novartis (-9,8%) ont lourdement chuté. La Commission européenne a accordé son feu vert à la combinaison de médicaments Venclyxto et Gazyvaro de Roche pour les adultes souffrant d'une leucémie lymphoïde chronique non traitée.

Vifor (-16,2%) a écopé de la lanterne rouge, derrière Credit Suisse (-16,0%, sous la barre des 8 francs suisses à 7,376) et Swiss Re (-15,6%).

Les autres financières, les bancaires UBS (-13,2%) et Julius Bär (-12,0%) et ls assureurs Swiss Life (-14,8%) et Zurich (-13,8%) ont également subi une dégringolade de plus de 10%.

Vifor a engrangé des résultats annuels en hausse pour l'exercice 2019, supérieurs aux attentes. Le groupe saint-gallois a par ailleurs annoncé que son président Etienne Jornod ne renouvellera pas son mandat et nommé un nouveau directeur général.

Sur le marché élargi, la saison des résultats s'est poursuivie. Dufry (-41,2%) a particulièrement souffert en raison des interdictions de voyage prononcées par les Etats-Unis. Le détaillant bâlois a accru ses revenus l'an passé. Son patron a averti que le chiffre d'affaires de mars serait probablement en baisse d'un taux à deux chiffres en pourcent.

Meyer Burger (-25,9%) a sombré dans les abysses, après une perte nette annuelle quatre fois plus importante que prévu.

Bâloise (-11,2%), LLB (-6,0%) et Cicor (-17,8%) ont également présenté leurs résultats 2019, tandis que Zur Rose (-7,4%) a apporté de nouvelles retouches à sa structure organisationnelle.

Cosmo Pharmaceuticals (-9,7%) a annoncé que son directeur scientifique Roberto Camerini se retire dès à présent pour raison personnelle.

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