Brasilia (awp/afp) - Le groupe J&F, qui détient le géant de la viande JBS impliqué dans le scandale de corruption qui éclabousse le président Michel Temer, a accepté de payer une amende record de plus de 3 milliards de dollars dans le cadre d'un accord avec la justice.

Le montant total s'élève "à 10,3 milliards de réais (environ 3,16 milliards de dollars au taux de change actuel) à titre d'amende pour des délits commis par des entreprises contrôlées par la holding J&F", a annoncé le parquet de Brasilia dans un communiqué.

Le parquet évoque "la plus grosse amende au monde" pour un accord de ce type, selon lequel l'entreprise reconnaît avoir commis des délits et s'engage à collaborer avec les enquêteurs pour éviter un procès.

Cette amende, dont les versements s'étaleront sur 25 ans, corrigés par l'inflation, représente 5,62% du chiffre d'affaires du groupe net d'impôt en 2016, souligne le texte, qui précise que l'accord, dont les termes ont été définis mardi soir, sera signé officiellement "dans les prochains jours".

J&F, qui contrôle entre autres le géant de la viande JBS et la célèbre marque de tongs Havaianas, appartient à la famille de Joesley Batista, qui a enregistré le président Temer à son insu lors d'une conversation dont le contenu a déclenché une crise politique de grande ampleur.

Dans cet enregistrement, révélé il y a deux semaines par le journal O Globo et rendu public depuis par la justice, M. Temer semble donner son accord pour acheter le silence d'Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd'hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.

Les entreprises du groupe J&F ont été ciblées par plusieurs enquêtes anti-corruption, une d'entre elles dans le cadre d'un récent scandale de viande avariée.

Joesley Batista et d'autres cadres de JBS ont noué un accord avec la justice en échange de remises de peine, révélant avoir versé plusieurs centaines de millions de dollars à des politiciens de tous bords, la plupart par le biais de financement illégal de campagnes électorales.

Ces dénonciations mettent notamment en cause l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et sa dauphine Dilma Rousseff (2011-2016), dont M. Temer était le vice-président, ainsi qu'Aécio Neves, du PSDB (centre), candidat malheureux du second tour des dernières élections.

Les actions de JBS, qui s'étaient effondrées de 30% au début de scandale, étaient en hausse de plus 5% mercredi, quelques heures après l'ouverture de la bourse de Sao Paulo.

afp/rp