Brasilia (awp/afp) - La Banque centrale du Brésil (BCB) devrait maintenir mercredi son taux directeur à 6,5%, son plus bas historique, et pourrait donner des signaux en faveur d'une baisse prochaine pour relancer une économie au bord de la récession, selon des analystes.

Face aux difficultés du gouvernement de Jair Bolsonaro à mettre en oeuvre son programme de réformes économiques, les perspectives de croissance de la première économie d'Amérique latine pour 2019 n'ont cessé de se dégrader.

Alors que, début 2019, les analystes tablaient sur une croissance du PIB à 2,5%, ces prévisions ont été drastiquement revues à la baisse cette semaine, à 0,93%, selon l'enquête hebdomadaire Focus de la Banque centrale.

Au premier trimestre, le PIB brésilien s'est contracté de 0,2%, première baisse depuis le quatrième trimestre 2016, quand il avait enregistré un recul de 0,6%. Le Brésil se trouve ainsi tout proche d'une nouvelle récession, s'il enregistre deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

L'inflation pourrait toutefois rester sous contrôle à 3,84% en 2019, selon l'enquête Focus.

Malgré ce sombre panorama, le Comité de politique monétaire de la BCB est resté jusque-là insensible aux appels à une baisse du taux directeur pour relancer les investissements et la consommation.

Son argument principal : sans la réforme des retraites - première étape vers la réduction du déficit public - il n'y a aucune raison d'assouplir la politique monétaire, qui comporte des risques inflationnistes.

Cependant, pour de nombreux analystes, la BCB devrait répondre favorablement à ces appels dans un pays qui compte plus de 13 millions de chômeurs.

La dernière enquête Focus prévoit ainsi, dans sa première modification de cette estimation en 18 semaines, que le Comité de politique monétaire de la BCB réduira le taux à 5,75% cette année.

L'institution pourrait donner aux marchés mercredi "un signal clair plus "dovish" (doux) sur ses intentions", selon le courtier Coinvalores.

La présentation au Congrès, la semaine dernière, d'un projet de loi sur la réforme des retraites, moins ambitieux que celui proposé par le ministre de l'Économie Paulo Guedes, mais qui a le mérite, aux yeux des investisseurs, de débloquer les discussions, pourrait pousser la BCB à agir dans ce sens.

Patricia Krause, économiste à la Coface, estime que la réforme "sera menée, mais vers la fin de l'année", de sorte que la BCB ne baissera son taux que "lors de ses deux dernières réunions" en 2019.

afp/rp