Brasilia (awp/afp) - La Banque centrale du Brésil a maintenu mercredi son taux directeur à 13,75%, en raison d'"incertitudes" au sujet de l'inflation, à un mois de l'investiture du président élu Luiz Inacio Lula da Silva.

La dernière hausse de ce taux de référence, nommé Selic, remonte à août dernier.

En septembre, le Comité de politique monétaire (Copom) de la banque centrale brésilienne avait mis fin à un cycle de douze augmentations consécutives, à la faveur d'un reflux récent de l'inflation.

Le taux directeur se situait à un plancher historique de 2% en mars 2021, pour stimuler la consommation en pleine pandémie de Covid-19.

Le Copom, qui a tenu mardi et mercredi sa dernière réunion de l'année, a ensuite été contraint de relever progressivement ce taux pour tenter de freiner la hausse des prix accentuée par la guerre en Ukraine. À 13,75%, le taux est à son plus haut niveau depuis janvier 2017.

Le Copom a indiqué mercredi dans un communiqué qu'il resterait "vigilant" face aux nombreuses "incertitudes" liées à l'inflation, laissant entendre qu'il n'écartait pas une "reprise du cycle de hausse" de son taux directeur si la baisse des prix "ne se poursuit pas comme prévu".

En octobre, l'indice des prix à la consommation est reparti à la hausse (+0,59%), après trois baisses mensuelles consécutives.

L'escalade des prix s'est atténuée ces derniers mois grâce notamment à des mesures du gouvernement pour faire baisser les taxes liées à l'énergie et aux carburants.

Les économistes consultés par l'enquête hebdomadaire Focus de la banque centrale tablent sur une inflation à 5,92% en 2022, contre plus de 10% attendus en début d'année.

"Il n'y a pas de raison de penser à des hausses supplémentaires du taux directeur à court terme", estime la firme d'investissements XP.

Le fait que les taux demeurent à un niveau très élevé a déjà eu un impact sur la croissance de la première économie d'Amérique latine, qui a ralenti à 0,4% au troisième trimestre, contre 1% au premier et 1,3% au deuxième.

Les milieux d'affaires se sont montrés inquiets après l'élection fin octobre de Luiz Inacio Lula da Silva (gauche) face au sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Lula, qui a déjà gouverné le pays de 2003 à 2010, entamera son troisième mandat le 1er janvier. Il tente avant son investiture de faire approuver au Congrès un dépassement exceptionnel du plafond des dépenses pour maintenir le versement d'allocations aux plus pauvres.

afp/rp