(Actualisé avec Tusk et Macron § 7-8-9-13)

BRUXELLES, 19 octobre (Reuters) - La Commission européenne a déclaré samedi qu'elle attendait que le gouvernement britannique l'informe "dès que possible" des prochaines étapes du Brexit à la suite du rebondissement intervenu dans l'après-midi à la Chambre britannique des communes.

"La Commission prend note du vote qui s'est tenu aujourd'hui à la Chambre des communes sur l'amendement Letwin qui signifie que l'accord de retrait en lui-même ne sera pas soumis à un vote aujourd'hui", a tweeté Mina Andreeva, la porte-parole en chef de la Commission.

"Ce sera au gouvernement britannique de nous informer dès que possible des prochaines étapes", a-t-elle ajouté.

Les députés des Communes ont adopté samedi par 322 voix contre 306 l'amendement du député Oliver Letwin qui prévoit de reporter tout vote sur le Brexit tant que la législation nécessaire à son application n'a pas été votée au Parlement.

Par leur décision, ils déclenchent une autre loi, adoptée début septembre par les opposants à une sortie sans accord et qui contraint le Premier ministre britannique à demander un nouveau report du divorce.

La loi Benn exige de Boris Johnson qu'il "cherche à obtenir" ("seek to obtain") par une lettre adressée au président du Conseil européen, Donald Tusk, une extension du calendrier de la sortie du Royaume-Uni de l'UE jusqu'au 31 janvier 2020 si le Parlement britannique n'a pas approuvé un accord de retrait ou un divorce sans accord à la date de ce samedi 19 octobre.

En début de soirée, Donald Tusk, à qui l'ex-Première ministre Theresa May avait écrit en deux occasions pour demander un report de la date du Brexit, a indiqué qu'il s'était entretenu avec Boris Johnson par téléphone.

Le Premier ministre britannique lui a confirmé que la lettre prévue par la loi Benn lui parviendrait d'ici la fin de la journée, a rapporté un responsable européen.

"Tusk commencera sur cette base à consulter les dirigeants de l'Union européenne sur la manière de réagir. Cela pourrait prendre quelques jours", a ajouté cette source.

Les ambassadeurs des Vingt-Sept se retrouveront dimanche à 09h30 (07h30 GMT) pour évoquer la suite du processus.

Le coup de théâtre de Westminster fait suite à une semaine de négociations intensives et riches en rebondissement qui avait abouti, jeudi, à un nouvel accord entre Londres et Bruxelles.

L'adoption de l'amendement Letwin a remis en cause - au moins temporairement - tout l'édifice.

UN REPORT SUPPLÉMENTAIRE "DANS L'INTÉRÊT DE PERSONNE"

En France, Emmanuel Macron, qui s'est lui aussi entretenu avec Boris Johnson dans l'après-midi, a insisté sur "la nécessité d’une clarification rapide de la position britannique sur l’accord négocié et finalisé" et indiqué qu’"un délai ne serait dans l’intérêt d’aucune partie", a-t-on appris auprès d'un responsable à l'Elysée.

A Dublin, le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a réaffirmé que l'accord de retrait trouvé jeudi entre l'Union européenne et le Royaume-Uni défendait les intérêts de l'Irlande.

"Les Communes ont voté aujourd'hui pour différer leur décision sur la ratification ou non de cet accord. A cette heure, aucune demande d'extension n'a été faite par le gouvernement britannique", a-t-il poursuivi sur Twitter.

"Si cela devait se produire, une extension ne pourrait être accordée qu'à l'unanimité" des Vingt-Sept, a ajouté Varadkar.

Le député européen Guy Verhofstadt a indiqué que le groupe de pilotage sur le Brexit au Parlement européen, qu'il préside, se réunirait lundi pour étudier les conséquences du vote de ce jour.

"Quoi qu'il se passe maintenant, les manifestations devant le Parlement (britannique) montrent à quel point il importe que la relation future entre l'UE et le Royaume-Uni soit une relation étroite", a-t-il ajouté, en allusion aux manifestations des anti-Brexit samedi à Londres.

En Pologne, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a dit espérer que le vote intervenu dans l'après-midi à la Chambre des communes n'était pas "un rejet de l'accord mais un report de son acceptation". "Eviter un Brexit chaotique et sans accord doit être notre priorité première", a-t-il ajouté sur Twitter.

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