(Actualisé avec Johnson)

LONDRES, 19 août (Reuters) - Boris Johnson a invité lundi l'Allemagne et la France à ouvrir la voie à un compromis sur le Brexit, tout en assurant à nouveau que le Royaume-Uni était prêt à quitter l'Union européenne sans accord.

"Nous serons prêts à partir le 31 octobre, qu'il y ait accord ou pas", a déclaré à la presse le chef du gouvernement britannique, qui est attendu à Berlin mercredi et à Paris jeudi. "Bien sûr, nos amis et partenaires, de l’autre côté de la Manche, sont un peu réticents à changer d'attitude. Très bien. Je suis convaincu qu’ils le feront.

"J'espère qu'ils vont faire des compromis. Ils ont vu que le Parlement britannique avait rejeté trois fois l'accord de retrait, que le backstop ne fonctionne pas, que ce n’est pas démocratique. J'espère qu’ils jugeront bon de faire des compromis.

"Je veux un accord. Nous sommes prêts à travailler avec nos amis et partenaires pour y parvenir, mais, pour obtenir un bon accord pour le Royaume-Uni, il faut simultanément se préparer à partir sans", a ajouté Boris Johnson, qui était en déplacement à Truro, dans le sud-ouest de l'Angleterre.

A Bruxelles, la Commission européenne a estimé que Londres avait bien plus à perdre en pareil cas. Selon un rapport gouvernemental sur les conséquences d'un Brexit sans accord publié dimanche par le Sunday Times, le Royaume-Uni pourrait être confronté à des pénuries de nourriture, d'essence et de médicaments avec des blocages dans les ports et le rétablissement d'une frontière physique en Irlande.

Ces prévisions, souligne le Times, ne sont pas les plus pessimistes, mais bien les plus probables. Ce point a été démenti par le ministre chargé du divorce.

Michael Gove a assuré que ce dossier, baptisé "Opération Yellowhammer", décrit la pire des situations et a ajouté que des "mesures très significatives avaient été prises ces trois dernières semaines pour accélérer les préparatifs du Brexit".

Du côté de l'opposition, Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, a promis de tout faire pour empêcher un "hard Brexit" et a réitéré son appel à censurer le gouvernement de Boris Johnson.

COLLISION FRONTALE

Corbyn doit réunir la semaine prochaine les partis de hostiles à un "No Deal" pour débattre de la stratégie à mettre en oeuvre.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour empêcher ce 'No Deal' désastreux pour lequel le gouvernement n'a aucun mandat", a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé à Corby, dans le centre de l'Angleterre.

Le Parti travailliste réclame aussi que le Parlement soit immédiatement reconvoqué en urgence. Pour l'heure, la rentrée parlementaire est fixée au 3 septembre, moins de 60 jours avant la date butoir fixée pour le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

"Il y a nécessité de réunir de nouveau les Parlementaires, parce qu'il nous faut du temps pour organiser un véritable débat et une discussion sur ces sujets", a souligné dans la matinée le responsable du Labour pour les Finances, John McDonnell, ajoutant que la majorité des élus de la Chambre des communes était toujours hostile à un "No Deal".

Une centaine de parlementaires ont signé ce week-end un appel similaire adressé à Boris Johnson.

Interrogée sur ce point, la porte-parole du nouveau Premier ministre britannique a rappelé lundi que c'était le Parlement lui-même qui avait voté son calendrier.

Une renégociation du "Withdrawal Agreement" semblant exclue, le leader conservateur, dont la majorité ne tient qu'à une voix, risque la collision frontale avec son Parlement, qui s'est prononcé à plusieurs reprises contre un "No Deal".

Corbyn entend, lui, unifier ce front du refus par une motion de censure et la formation d'un gouvernement provisoire qui repousserait la date du Brexit et organiserait de nouvelles élections législatives.

Selon McDonnell, certains députés conservateurs pourraient se rallier à son initiative.

Dominic Grieve pourrait être l'un d'eux. "Je suis totalement prêt à coopérer avec lui et avec d'autres à la Chambre des communes pour faire en sorte que le No Deal, dont nous menace le gouvernement actuel, n'ait pas lieu", a-t-il dit à la BBC.

Pour le député conservateur, il n'est en revanche pas question que le dirigeant travailliste prenne la tête d'un éventuel gouvernement d'union nationale.

(Guy Faulconbridge et William James Henri-Pierre André pour le service français)